L'Unesco pourrait retirer le label "patrimoine de l'humanité" à deux des sites les plus célèbres, lors d'une réunion qui démarre ce dimanche: la Grande Barrière et la forêt tempérée qui couvre près de 20% de l'île de Tasmanie
Depuis des années, la Grande Barrière souffre du réchauffement climatique, de la prolifération d'une étoile de mer dévoreuse de coraux, des rejets massifs de nitrates et pesticides provenant des exploitations agricoles et du développement industriel sur la côte en raison du boom minier. L'Unesco, qui tient sa réunion annuelle à Doha, a prévenu l'Australie qu'elle songeait à placer ce site sur la liste du patrimoine en danger.
Le ministre australien de l'Environnement, Greg Hunt, se défend en indiquant que son pays a investi des millions de dollars pour la protection de cette zone. Les autorités emportent à Doha une étude qui signale une nette amélioration de la qualité des eaux en juin 2013 par rapport à 2009. Les rejets de pesticides ont été réduits de 28% sur tout le récif et ceux de nitrate de 16%, selon le ministre de l'Environnement de l'Etat du Queensland, Andrew Powell. Qui reconnaît cependant que la qualité reste "faible, ce qui est logique après des décennies de catastrophes naturelles et de pratiques agricoles" polluantes.
Cette étude n'observe que la qualité de l'eau et n'aborde pas le développements de ports dédiés à l'exportation de minerais, un facteur clé dans le déclin de la Grande barrière selon les défenseurs de l'environnement.
Les écologistes se sont par exemple alarmés du feu vert donné en décembre par le gouvernement à une importante extension d'un port d'exportation de charbon. Ils dénoncent également l'autorisation par le directoire du parc marin de la Grande barrière de corail (GBRMPA) du rejet de déchets de dragage dans les eaux du parc.
Autre site naturel australien menacé selon les protecteurs de la nature, la forêt tempérée qui couvre quelque 20% de l'île de Tasmanie (sud), soit 1,4 million d'hectares. "Abattre les forêts du patrimoine mondial est aussi irresponsable qu'utiliser le Grand canyon comme décharge, transformer l'opéra de Sydney en bloc d'appartements ou vendre la Tour Eiffel à la ferraille", se désole Vica Baylay, porte-parole de la Wilderness Society (société pour la nature).