Terrassés par une météo défavorable, la navigatrice bretonne Anne Quéméré et l'aventurier suisse Raphaël Domjan, ont décidé jeudi de mettre un terme à leur tentative de traversée en kayak du passage du Nord-Ouest en Arctique.
Chacun à bord de sa petite embarcation ( celle de Raphaël étant équipé d'un système de propulsion électrique alimenté à l'énergie solaire avec 3m2 de panneaux voltaïques ) les kayakistes avaient quitté le 30 juin dernier le gros bourg inuit de Tuktoyaktuk, à l'embouchure de la rivière Mackenzie sur la côte Nord du Canada.
Avant que la banquise se referme en automne, ils avaient trois mois pour couvrir les quelque 3.000 km du passage du Nord-Ouest, tortueuse liaison entre la mer de Baffin à l'ouest et le Groenland à l'Est, de l'océan Pacifique à son frère Atlantique. Anne et Raphaël sont parvenus à naviguer sur 180 km vers l'Est, avant d'être bloqués pendant plus de deux semaines à Atkinson Point, une petite base scientifique désaffectée, par des vents violents et contraires, de fortes précipitations et un épais brouillard.
Jeudi, compte tenu de l'important retard pris dans leur aventureuse expédition boréale, ils ont compris qu'ils ne pourraient plus atteindre leur objectif et pris la difficile décision de renoncer et faire demi-tour vers Tuktuyaktuk. "Je regarde tout ce qui nous entoure aujourd'hui et qui a commencé par un rêve, une idée, et je suis plutôt fière du chemin que Raphaël et moi avons parcouru depuis l'automne dernier" (début de préparation de l'expédition), écrit Anne Quéméré sur son blog. "Avoir accompagné cette première navigation polaire solaire n'est pas rien et même si elle s'arrête brusquement, une porte s'est ouverte que d'autres franchiront peut-être lors de prochaines expéditions", espère la navigatrice de Quimper qui avait déjà échoué en solitaire l'année dernière, en raison des mêmes causes météorologiques, lors d'une première tentative de traversée en kayak du Nord-Ouest.
De son côté, Raphaël Domjan se félicite cependant d'avoir "réalisé une belle démonstration, en réussissant la première navigation solaire polaire de l'histoire. Reculer, dans ce genre de tentative qui repousse les possibilités de l'utilisation de l'énergie solaire à leur limite, fait partie intégrante de l'aventure", dit-il.