Saluée par les jets d'eau géants de l'Abeille Bourbon, L'Hermione, de retour d'Amérique du Nord, a donné 18 coups de canon avant d'accoster à Brest lundi, peu avant 15h00, sous les applaudissements de milliers de spectateurs, émerveillés par le navire et les prouesses des matelots dans les haubans.
Magnifique armada
Deux heures plus tôt, toutes ses voiles blanches dehors sous un ciel gris bleu, entourée d'une forêt de mâts de voiliers et de vieux gréements bretons avec leurs traditionnelles voiles rouge cachou, L'Hermione, réplique du trois-mâts de La Fayette, était apparue à l'entrée du goulet de Brest. Devant elle, la "Latouche-Tréville", une frégate en acier sortie deux siècles plus tard des arsenaux de la marine, ouvrait la mer, tandis que la "Recouvrance", symbole de Brest et réplique d'une goélette aviso de 1817, fermait élégamment la marche.
Des sonneurs de bagad, formation traditionnelle bretonne, accompagnaient en musique les derniers miles depuis le coquillier de 1948 Général Leclerc. Le "phare du Petit Minou", qui marque l'entrée de la rade de Brest, était passé vers 13H15 par cette "magnifique armada", avant que L'Hermione n'accoste quai Malbert, à une encablure du château de Brest.
Le voyage retour, marqué par un fort coup de tabac, « n'a pas été une promenade de santé », a commenté le commandant du navire, Yann Cariou, une fois les manoeuvres terminées. « Ça a été très physique, on a quand même 1.800 m2 de voilure, on a dû jouer en permanence avec les vents, les dépressions, les anti-cyclones pour arriver ici à l'heure. On a fait une sorte de course, de régate, avec une frégate de 1.200 tonnes, ça demande beaucoup d'énergie », a-t-il dit, « ébahi » par les performances du bateau par des « vents de 45-50 noeuds en permanence » .La houle a atteint 7 mètres au plus fort et le navire a battu ses records de vitesse, atteignant 13,3 noeuds (24,6 km/h). « On a la satisfaction du devoir accompli », d'autant qu'il y a plus de deux siècles le navire comptait plus de 250 hommes à bord, contre seulement environ 80 aujourd'hui, dont quelque 60 volontaires."
L'Hermione restera jusqu'au 17 août à Brest. Plus de 7.000 billets pour la visiter ont été vendus.
Symbole de l'amitié franco-américaine
Copie conforme de la frégate à bord de laquelle le marquis de La Fayette était allé en 1780 apporter le soutien de la France aux insurgés américains contre l'Angleterre, L'Hermione avait quitté l'île d'Aix le 18 avril dernier, en présence du président François Hollande. Ainsi adoubé symbole de l'amitié franco-américaine, le navire, dont la construction a duré 17 ans, a fait route vers les côtes de l'Est américain. A New-York, il a navigué au pied de la statue de la Liberté, invité d'honneur de la parade nautique organisée à l'occasion de la fête nationale américaine, célébrant l'indépendance du pays le 4 juillet 1776.
Au total, le périple transatlantique aura été marqué par 18 escales. 160 volontaires auront participé à l'aventure, montant à bord par rotations. Dans une semaine, le trois-mâts fera escale à Bordeaux, avant de rejoindre son port d'attache, Rochefort, en Charente-Maritime.