L'épave d'un navire romain, naufragé au début de notre ère au large de Roscoff (Finistère), a livré ses exceptionnels secrets, quelque 800 lingots d'étain, à l'occasion d'une campagne de fouilles menée depuis la mi-août par des archéologues.
Datant d'une période comprise entre le IIe et le IVe siècle après JC, selon Olivia Hulot, la responsable des fouilles, c'est seulement la seconde épave antique jamais retrouvée et fouillée en Bretagne et dans tout l'arc Atlantique. « Découvrir une telle épave est suffisamment rare pour que cela soit exceptionnel », déclare Olivia Hulot, qui dirige en Bretagne le Département de recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm). « Ca l'est d'autant plus que la cargaison du navire est également extrêmement rare, par sa nature, sa variété et sa richesse », ajoute l'archéologue sous-marine. Plus exceptionnel encore, une partie des lingots étaient constituée d'un alliage d'étain et de plomb, comme l'a révélé l'analyse effectuée sur les lieux des fouilles par une chercheuse du CNRS, selon Olivia Hulot. D'une grande hétérogénéité de formes et de poids - entre 500 grammes et 34 kilos pour le plus lourd - ces lingots, très altérés par leur séjour dans les eaux de la Manche, sont gravés d'estampilles à base de lettres ou de symboles. Des petits vestiges de céramique, de vaisselle en étain ou des poids de balance ont également été retrouvés par les plongeurs. L'épave avait été découverte il y a 20 ans par des pêcheurs d'ormeaux, à proximité de l'île de Batz, mais ce n'est que cet été qu'une campagne de fouilles y a été entamée, après une expertise en mai.
La précédente épave romaine recensée le long des côtes bretonnes avait été trouvée en 1983 dans l'archipel des Sept-Iles, à cinq milles au large de Ploumanac'h (Côtes d'Armor). Datant également d'une période comprise entre le IIe et le IVe siècle, l'épave, dont ne subsistait ni la coque ni le mobilier, gisait par 10 mètres de fond dans une zone de forte houle et de courants violents. Selon l'Association pour le développement de la recherche en archéologie maritime (Adramar), basée à Saint-Malo cette découverte fut le premier témoignage matériel de l'existence d'un commerce maritime des matières premières en Manche dans l'Antiquité. « C'est à partir de cette découverte que l'archéologie sous-marine française a commencé à se développer dans l'arc Atlantique », souligne Laetitia Le Ru, archéologue à l'Adramar.