Serge Dumont a plusieurs cordes à son arc : universitaire, plongeur, cinéaste... Et ce français a une passion peu commune : les gravières, des écosystèmes d'une richesse méconnue qu'il filme des heures durant jusqu'à se faire oublier des poissons pour en tirer des documentaires scientifiques et poétiques.
Même si ce quinquagénaire originaire de Strasbourg a déjà plongé en Polynésie par une nuit de pleine lune au milieu de 18.000 mérous, il révèle aux spectateurs de ses films que l'aventure et la beauté se trouvent tout autant au coin de la rue, comme au fond des anciennes carrières à graviers envahies par les eaux.
L'Alsace, frontalière de l'Allemagne et de la Suisse, est la région de France qui en compte le plus. Et malgré ce que l'on pourrait croire, "une faune et une flore aquatiques de qualité exceptionnelle s'y développent, à condition qu'on les laisse tranquilles".
L'été dernier, il a passé une nuit entière dans la gravière de Plobsheim, au sud de Strasbourg : huit heures et demie sous l'eau, en remontant une seule fois à la surface. Une expérience extrême dont il a tiré le documentaire "Une nuit sous l'eau".
"On peut faire de la science en restant dans son laboratoire et en publiant dans des revues en anglais, mais on ne touche pas le grand public", explique celui qui se définit comme "un homme de terrain".
"Il a la patience du pêcheur et la patience du cinéaste, il est capable de faire 10-15 heures de plongée pour arriver à filmer précisément la séquence qu'il recherche, un brochet immobile sous la glace, une grèbe huppée en train de chasser", admire le Dr Bernard Schittly, médecin spécialiste de la décompression qui l'a assisté lors de sa nuit sous l'eau.
"Parler de la biodiversité c'est bien, mais la montrer, c'est encore mieux. Je me suis pris au jeu de montrer des images, j'ai essayé de donner un peu de poésie à tout cela", explique Serge Dumont.
Serge Dumont est également à l'origine d'une charte du plongeur responsable en eau douce, aujourd'hui diffusée dans tous les clubs de plongée de France.
Découvrez le clip "Parenthèse" de Serge Dumont :