Un projet pharaonique de nouvelle ville sur quatre îles artificielles au large de Singapour avec des promesses de vie de luxe attire nombre d'investissseurs, mais des ONG mettent en garde contre une catastrophe écologique, et d'autres doutent de son succès.
Forest City, une "ville-écolo" futuriste avec gratte-ciel et villas en bord de mer, va émerger du côté malaisien du détroit de Johor, à une heure de Singapour.
Ce projet estimé à 42 milliards de dollars (38 milliards d'euros) prévoit la construction de 700.000 logements, de centres commerciaux, d'écoles internationales, d'hôtels et centres médicaux sur une superficie de 1.370 hectares. La ville sera même dotée de son propre service d'immigration.
De quoi enthousiasmer les artisans du projet, la société commune entre le géant chinois de l'immobilier Country Garden et Esplanade Danga 88, une entreprise en partie aux mains d'Ibrahim Iskandar, puissant sultan de Johor, Etat du sud de la Malaisie.
"C'est de loin le projet d'aménagement privé le plus enthousiaste dont j'ai entendu parler en Asie du Sud-Est", a déclaré Chua Yang Liang, directeur de recherche pour les services et investissements immobiliers en Asie au groupe Jones Lang Lasalle.
Des responsables de Forest City affirment avoir déjà trouvé preneur pour 500 logements dans une pré-vente, bien que l'aménagement de la ville ne doive pas être achevé avant 2035. Lors d'une récente visite de l'AFP sur le site, Alex Lee, directeur des ventes, a précisé que 10 unités avaient été vendues d'une seule traite à un homme d'affaires chinois, qui a payé en liquide.
Les acquéreurs doivent débourser de 180.000 euros pour un deux-pièces à 1,4 million d'euros pour les plus luxueuses des villas en bord de mer.
A titre de comparaison, un appartement de grand standing à Singapour coûte environ 665.000 euros -- somme avec laquelle un acheteur à Forest City pourrait s'offrir une villa de quatre pièces en bord de mer avec une salle réservées aux réception, deux parking et un grand jardin.
Mais des analystes doutent du succès des ventes de milliers de logements sur le long terme, compte tenu notamment du ralentissement de l'économie chinoise.
Autre signe d'inquiétude, l'agence de notation Standard & Poor's a abaissé la note à long terme de Country Garden, de "BB+" a "BB", citant des risques liés à la stratégie agressive d'acquisitions de terrains.