La course au large, le kitesurf ou le catamaran à foils vont-ils entrer au programme olympique et la planche à voile finalement en sortir ? Le format complexe de la compétition peut-il être simplifié ? Au lendemain des Jeux de Rio, une réflexion va s'engager pour rendre la voile olympique "plus compréhensible".
"Ce qui est important, ce n'est pas tant de changer les séries mais c'est qu'on évolue sur les formats pour rendre la voile olympique plus compréhensible", soutient Jean-Pierre Champion, président de la Fédération française de voile (FFV). De fait, pas toujours facile pour le non-initié de s'y retrouver dans des épreuves de voile étalées sur une semaine, disputées souvent au large, loin des plages et qui mettent aux prises des bateaux (Finn, Laser, 49er, 470) dont les différences ne sautent pas aux yeux. Seuls sont facilement identifiables la planche à voile RS:X et le catamaran Nacra 17, seul catamaran et unique bateau conduit par un équipage mixte.
Autre difficulté, le format de la compétition. A l'issue de dix (ou douze régates pour les 49er), les dix premiers au classement disputent une régate finale durant laquelle les points comptent double. Mais contrairement à la plupart des autres sports, le vainqueur de cette régate n'est pas nécessairement le champion olympique car, souvent, les écarts sont déjà trop importants avant l'ultime course pour bouleverser le classement.
"On pourrait imaginer une finale dont le vainqueur deviendrait champion olympique", ajoute M. Champion, alors que toute évolution est compliquée dans un monde où les résistances, essentiellement du clan anglo-saxon, sont fortes.
- 'Se rapprocher du public' -
"Il faut aussi, comme à Rio, disputer les courses près de la plage pour se rapprocher du public", propose Gildas Philippe, entraîneur de l'équipe française de 470 femmes, en bronze à Rio. "Au niveau télévisuel, il faut aussi s'inspirer de ce que fait la Coupe de l'America avec des caméras embarquées et des images virtuelles". Mais au-delà, une réflexion est engagée par WorldSailing, la Fédération internationale de voile, sur une modification plus profonde du programme.
Une épreuve de course au large, disputée sur deux ou trois jours en équipage, pourrait ainsi faire son entrée au Jeux de Tokyo en 2020 ou en 2024, mais la proposition doit encore passer plusieurs étapes, explique M. Champion. "Il s'agirait d'une épreuve disputée en équipage, sur 300 à 400 milles et qui durerait deux à trois jours. Celui qui arrive le premier devient champion olympique", détaille M. Champion, qui siège au sein de WorldSailing. "Le projet arrive peut-être trop tard pour les Jeux de 2020 à Tokyo mais on pourrait l'imaginer pour 2024", ajoute le président de la FFV, qui se dit "favorable" à ce projet.
La proposition pourrait d'autant plus intéresser la France que la plupart des meilleurs spécialistes mondiaux de la course au large sont français et que Paris figure parmi les quatre villes candidates (avec Budapest, Los Angeles et Rome) pour les JO-2024. En cas de désignation de Paris (en septembre 2017 à Lima), la voile serait disputée à Marseille.
- Bateaux à foils -
"La course au large me paraît peut-être un sport peu partagé sur la planète, mais pourquoi pas tant que la bagarre est au rendez-vous", juge Jean-Baptiste Bernaz, vice-champion du monde de Laser et 5e à Rio. Le premier critère du Comité international olympique (CIO) pour admettre une discipline aux JO est en effet son universalité.
Autre piste, celle d'une entrée des bateaux à foils, "type Moth à foils ou Nacra à foils", ajoute Gildas Philippe. Sur le modèle des catamarans ultra-rapides qui ont poussé au musée les immenses mais lents monocoques sur lesquels se disputait jusque-là la Coupe de l'America, des catamarans volants, certes plus coûteux, rendraient les courses plus rapides et spectaculaires.
L'assemblée générale de WorldSailing se réunira en novembre à Barcelone et dressera un bilan des dix séries au programme des Jeux de Rio. Des propositions de modification des séries ou des formats, adoptées au printemps 2017, seront ensuite soumises au CIO en juin. Certaines séries, comme le Finn, pourraient être remises en cause, à l'instar de la planche à voile, qui avait été retirée avant les JO de Rio, au profit du kitesurf, avant finalement de revenir au programme. Une bénédiction pour la France, qui grâce à elle a glané à Rio de l'or avec Charline Picon et du bronze avec Pierre Le Coq.