Francis Joyon s’est, à son corps défendant, très vite retrouvé dans une posture qu’il affectionne en son fort intérieur, à la barre et à l’attaque dans le gros temps ; « Les deux premiers jours de course ont été pour le moins difficiles, avec une très grosse mer. J’ai dû barrer en permanence. Je ne pouvais répondre au téléphone, car il m’aurait fallu lâcher la barre. J’en ai même été réduit à manger avec mes mains (Rires). »
Au prix de quelques ébouriffantes figures de style, quand IDEC SPORT se cabre et monte sur un flotteur, Francis a pu rejoindre ce matin cette drôle de zone de transition en bordure de la dépression, dans l’ouest de Madère, où il a tricoté toute la matinée pour progresser avec un certain bonheur vers le sud. Bien calé dans un bon couloir de vent, ils se surprend même à reprendre quelques milles à Macif, désormais distant d’une quarantaine de milles en son Nord-Ouest. Une position de chasseur qui semble lui procurer beaucoup de plaisir. Avec la mer qui s’arrange (trop) doucement, il a déployé le gennaker et retrouve le bonheur d’allonger la foulée sans trop faire souffrir son trimaran géant.
« Tous ces bords de recalage vers l’ouest ont véritablement été épouvantables, face à une très grosse mer. Le bateau tapait violemment. Travers au vent, sur la forte houle, j’ai connu quelques moments vraiment « chauds », quand IDEC SPORT est monté très haut sur son flotteur. J’ai à plusieurs reprises du tout larguer un peu en catastrophe. Ce matin, je suis sous la pluie, sous un ciel gris, en bordure du front. Le premier jour, mon souci était de ralentir le bateau sans rien casser. Je suis à présent sous gennaker, pas encore dans l’alizé, mais sur une mer plus confortable. Cette course est un sprint qui ne laisse aucun répit. Je suis depuis la première minute à l’attaque, et je joue ma chance jusqu’au bout ! »