La skipper de l’IMOCA MACSF est lancée dans un véritable marathon jusqu'au convoyage fixé à la mi-octobre de son monocoque vers les Sables d’Olonne d’où sera donné le départ du Vendée Globe 2020. Troisième de l’épreuve phare du Défi Azimut, qui consistait en une boucle de 48h dans le Golfe de Gascogne, Isabelle Joschke n’a guère le temps de souffler. Son emploi du temps est très serré : après une escale de deux jours à Paris en milieu de semaine pour rencontrer médias et sponsors, elle va poursuivre ses formations techniques au pas de course, avancer sur l’avitaillement du bateau puis reprendre la mer pour deux semaines d’entraînements intenses. Les dernières avant le grand saut.
« Bien sûr, je suis satisfaite du résultat, mes sponsors aussi, mais il n’y a pas de raison de fanfaronner ou de s’enflammer. Les derniers milles ont ressemblé à une tombola donc je ne vais pas frimer. Les leaders se sont fait piéger, les bateaux qui étaient derrière ont pu revenir et on a assisté à une redistribution complète des cartes. J’ai suivi le routage, mon choix a payé, il aurait pu aussi ne pas marcher. Ce qui me réjouit au bout du compte, c’est de réaliser que je peux aussi avoir la réussite, qu’une course se déroule bien et se termine bien pour moi. C’est un message très encourageant avant le départ du Vendée Globe. Cela booste la confiance. C’est aussi un peu la récompense que l’on n’a pas connu à d’autres moments », résume Isabelle Joschke.
Même si la régate s’est jouée dans le final sur un coup de dés, la skipper de l’IMOCA MACSF a pu retirer quelques enseignements sur les aptitudes de son bateau dans des conditions de petite brise. Elle en a aussi profité pour se perfectionner sur les manœuvres.
« J’ai découvert de nouvelles voiles et mon bateau dans du temps assez léger. On a réussi à rester au contact de monocoques munis de dérive droite comme le Banque Populaire qui possède pourtant un meilleur potentiel dans ce type de conditions. Cette confrontation m’a permis à la fois de me jauger et de connaître les capacités de mon bateau. Jusqu’ici je n’avais pas rencontré ces conditions en flotte depuis que MACSF est équipé de foils. Avec Clarisse (Crémer), on a navigué dans un mouchoir de poche et j’ai pu ainsi mesurer les différentiels de vitesse au près, dans du temps médium. Les 48 heures solo m’ont été aussi bénéfiques : j’ai commis quelques erreurs sur des manœuvres, j’étais sur la réserve alors qu’il aurait fallu se montrer plus audacieuse, j’ai appris des techniques dans le petit temps pour perdre moins de terrain ».
Les femmes à la fête
C’est une confirmation s’il en était encore besoin. Deux mois après avoir brillé sur la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, les navigatrices engagées sur le Défi Azimut ont réalisé un nouveau tour de force en prenant les 2e (Samantha Davies), 3e (Isabelle Joschke) et 4e places (Clarisse Crémer) derrière le vainqueur Jérémie Beyou.
« Sur la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, on a vu qu’on était dans le coup toutes les trois, même si cela ne s’est pas bien terminé pour tout le monde… Nous avons été de nouveau présentes. C’est chouette pour le message que l’on souhaite faire passer : on a peut-être des gabarits moins costauds que les hommes mais en réalité on a autant que potentiel qu’eux », insiste Isabelle Joschke, engagée depuis 2012 pour l’égalité homme-femme dans son sport et dans la société civile à travers son association Horizon Mixité.