Miranda espère naturellement passer suffisamment près de cet îlot le plus australe du continent Sud Américain pour le discerner, voire le photographier. Les conditions météos ne s’y prêtent guère, avec une épaisse couverture nuageuse en arrière de la dépression qui, elle, en revanche, aura permis à Campagne de France de parcourir à grande vitesse les derniers milles. Miranda conserve en effet et depuis plusieurs jours une moyenne quotidienne élevée, signant des journées à plus de 350 milles sur la route, soit plus de 15 noeuds de moyenne. Elle franchira le cap Horn à l’issue de son 70ème jour de course, un tempo tout à fait honorable pour son plan Owen Clarke lancé en 2006. Son compagnon de route Clément Giraud fait le forcing, à plus de 19 noeuds ce matin pour lui ravir cette 22ème place elle aussi tout à fait considérable dans une flotte qui comptait, rappelons le, au départ 33 concurrents. Avec le retour demain en Atlantique, grand sera le soulagement de Miranda, dont la trajectoire au coeur des immensités des mers du Sud ne fera pas rougir Maitre Halvard Mabire. Miranda a su, avec une belle maitrise, trouver les délicats compromis entre vitesse et conservation du matériel. Elle a pour l’heure su préserver sa machine en évitant chaque fois que possible le gros du mauvais temps. Elle a tout au long de ces longues semaines de solitude extrême loin de toute terre habitée, fait preuve d’un pragmatisme, d’un flegme et d’une joie de naviguer très… British et qui forcent le respect. L’Atlantique l’attend, avec son corollaire de petits schémas météos difficiles à négocier, alternances de centres dépressionnaires et de hautes pressions, qui rendent aléatoires les prévisions et erratiques les trajectoires. Encore 4 semaines de navigation dans des eaux plus familières attendent désormais Miranda, avant le grand retour à la maison.
Le mot de la nuit
« Belles conditions ces dernières 24 heures, route vers l’Est et Cap Horn, vent stable et pas trop de mer. Je reste vigilante et inquiète, avec 367 milles d'Océan Pacifique devant l'étrave de Campagne de France. Nombreux sont les marins dont les rêves ont sombré au fond de cet océan, les nôtres aussi avec le démâtage lors de notre tentative Trophée Jules Verne en 1998. Hier, Sam Davies a écrit un super hommage à notre mât qui est dans les profondeurs à un endroit le plus éloigné de la terre qui existe, et à l'aventure extraordinaire menée par Tracy Edwards. Cela a grandement influencé mon choix de carrière.
Un grand merci à Sharon Ferris (équipière également sur Royal Sun Alliance) pour les commentaires live (via whatsapp) au cours de la nuit sur le déroulé des régates du Prada Cup! »
Miranda/ Campagne de France