« Je n’avance pas depuis 30 heures. C’est le résidu de ce qu’a eu Romain, il y a une espèce de Pot au Noir en deux parties : une partie très sud au niveau de Fernando de Noronha et une partie plus nord qui est toujours devant moi. Entre ces deux espèces de Pot, le vent s’est complètement écroulé. Romain a eu des grains et pas de vent, et moi, je n’ai pas du tout de vent. C’est une énorme zone qui s’étale très ouest. Je n’ai pas de nuages et pas de vent !
La nuit ça va, c’est agréable, il y a la pleine lune, la mer est lisse mais ça n’avance pas. La journée, c’est le cagnard. Ce n’est pas rigolo. On est dans le pire scénario que j’aurais pu imaginer. C’est cauchemardesque ! Je suis à 4 nœuds alors que les autres filent à 20 nœuds vers la victoire et Les Sables. C’est dur. Au final, les prévisions sont claires, sur les fichiers on voit bien cette zone. J’ai essayé de me décaler jusqu’à 35° ouest, c’est énorme. Sur le retour, normalement il n’y a pas de Pot. J’ai 5 nœuds de vent réels et tant que je n’aurais pas franchi l’amas nuageux qui est 70 milles devant moi, je n’avancerai pas. Ça va mettre un peu de temps.
J’ai juste regardé vite fait hier soir la tête de flotte, ça a l’air bien de jouer la courbure dans l’est comme a fait Charlie (Dalin). C’est un final inédit mais honnêtement, j’évite de regarder parce que ça me fait de la peine et à partir d’aujourd’hui je vais couper car c’est trop dur à vivre.
Ca reste du sport, tu es engagé à fond dans ce que tu fais, donc parfois c’est dur mais il y a d’autres moments sympas. Je suis content d’avoir fait le meilleur temps dans le grand Sud, j’ai bien géré la dorsale. Le Pot au Noir, j’ai du mal à l’avaler mais cela fait partie du jeu. »
Jérémie Beyou, Charal