
Figaro Nautisme : Comment devient-on le directeur de Highfield France ?
Pascal-Eric Montazel : Comme souvent, c’est une rencontre qui est à l’origine de tout. Dans mon cas, avec Ronan Chabot, pilote de rallye raid, homme d’affaires, Président de RCM et propriétaire de concessions automobiles dans plusieurs pays européens. En tant que directeur de la communication et ensuite directeur Réseau, Qualité et Environnement chez Mercedes-Benz France, nous étions très souvent en contact. Et nous nous apprécions aussi bien professionnellement qu’humainement. Quand il m’a proposé de le rejoindre dans son groupe, je n’ai pas hésité longtemps. C’est comme cela que je suis devenu directeur des marques Toyota et Lexus en 2017.
A cette même période, Ronan a développé le groupe dans l’univers du nautisme, avec le rachat de concessions Bénéteau, notamment en Atlantique puis en Méditerranée. En tant que revendeur Bénéteau, Ronan était aussi en contact avec Yves Brintet, l’importateur des semi-rigides Highfield pour la France qui étaient distribués dans les concessions RCMarine. Highfield est une marque premium, et Ronan Chabot, convaincu par la qualité et la fiabilité des produits, n’a pas hésité à reprendre la carte d’importateur pour la France quand Yves Brintet a décidé de vendre ses affaires. Le jour où Ronan Chabot nous l’a annoncé, je me suis tout de suite porté volontaire pour m’en occuper. Je suis passionné de bateau à moteur depuis longtemps, j’ai passé mon permis bateau très jeune et j’ai toujours navigué. Je suis un ancien propriétaire d’un Bénéteau Flyer 8,50... Highfield, c’est mon univers et ça me ressemble, cela me parle vraiment. Créer et animer un réseau de distribution, développer la marque sur le marché français, et travailler dans un contexte international avec la maison mère, je sais faire grâce à mon expérience dans l’automobile. Voilà comment je me suis retrouvé à la tête de Highfield France en Janvier 2023. Et franchement, j’en suis ravi !
Figaro Nautisme : Highfield est une histoire de rencontres et de marins cherchant à fabriquer l’annexe la plus efficiente possible. Qu’est-ce qu’une bonne annexe ? Et qu’est-ce qu’un bon « semi-rigide » ?
Pascal-Eric Montazel : C’est effectivement une histoire de marins et d’une rencontre : au début des années 2000, Yves Brintet était en voyage en famille sous les tropiques en catamaran. Et il avait des soucis avec son annexe qui ne résistait pas à l’agression des U.V. Sur place, il découvre une marque d’annexe construite en Aluminium et en Hypalon au Venezuela. L’hypalon résiste beaucoup mieux que le PVC à la chaleur ambiante de l’air et de l’eau ainsi qu’aux U.V. Et la coque en Aluminium garantit une très bonne tenue en mer et une meilleure robustesse. Rapidement convaincu par son annexe, Yves en devient l’importateur en France à son retour de voyage. Les navigateurs au long cours adorent le produit mais des soucis d’approvisionnement avec le Venezuela sont trop récurrents. Yves se rapproche alors de Julien Carussi, responsable de l’Asie pour la marque de flotteur en Hypalon Orca® Pennel et Flipo et du designer australien Scott Wilson pour développer une annexe en Aluminium et en Hypalon performante et trouver des investisseurs et un lieu de production sérieux et dédié. Julien Carussi crée alors la marque Highfield en 2011 et en est le Président depuis. Les bateaux sont construits dans une usine dédiée et exclusive située à Weihai en Chine.
Le projet est de proposer une annexe solide, fiable et sécurisante. La coque est en alu pour la légèreté et la solidité, les flotteurs en Hypalon. C’est l’annexe idéale pour les grands voyageurs qui naviguent sous les tropiques. Il est aussi possible de choisir un modèle avec les flotteurs en PVC. La marque s’est rapidement développée et a conquis les constructeurs dont beaucoup, notamment dans le monde du multicoque, proposent les annexes Highfield à leurs clients.
La suite logique a été le développement de la marque. Sur cette même base de coque en aluminium, Highfield a conçu des bateaux plus grands et plus équipés. La reconnaissance de la marque est venue très rapidement, notamment grâce à des partenariats avec de grandes courses comme la Route du Rhum, le Vendée Globe, la SailGP ou dernièrement les Jeux Olympiques de Paris 2024. La fiabilité et la sécurité offertes par nos bateaux sur ces évènements ont été déterminantes dans le choix des organisateurs.
Aujourd’hui, nous proposons des semi-rigides de 2 à 9m.
Figaro Nautisme : Comment s’articulent les gammes Highfield aujourd’hui ?
Pascal-Eric Montazel : Nous avons 3 gammes pour les annexes qui représentent 60% de nos ventes : la gamme roll-up, qui sont de petites annexes gonflables et pliables pour les petits bateaux. Le gros avantage est le gain de place.
Ensuite, les deux gammes appelées Ultralite et Classic. Elles se différencient essentiellement par la présence d’un double fond en alu sur la Classic qui est donc plus confortable en utilisation courante. Tous les flotteurs sont proposés soit en Hypalon, soit en PVC selon l’utilisation de chaque propriétaire, et à partir d’une certaine taille, vous pouvez rajouter une console et une banquette.
En ce qui concerne les semi-rigides, nous proposons deux gammes : le Patrol et le Sport. La gamme Patrol s’adresse aux professionnels à la recherche d’un bateau personnalisable, capable de répondre à leurs besoins propres. Ce peut être du transport de passagers, de la plongée, de la pêche, des capitaineries, des écoles de voile...
La gamme sport est conçue sur la même base, avec des aménagements plus adaptés et cossus pour des particuliers. Des unités plus axées plaisance, avec bains de soleil, T-Top, bimini, face à face à l’arrière, douchette... De nombreuses options sont disponibles pour répondre aux envies de chacun.
Figaro Nautisme : Quelle est votre actualité en 2025 ?
Pascal-Eric Montazel : Nous proposons depuis quelques années un produit « clef en main », un package qui comprend le bateau, le moteur, les équipements, la remorque : le Coaster qui est développé en deux tailles, 5,40m et 6m. C’est un produit d’appel très intéressant pour les primo-accédants avec un prix très serré. En 2025, nous renouvelons les Coaster avec un nouveau design, une console différente, une banquette arrière intégrée, etc. Le tout en conservant un prix toujours aussi étudié, puisque l’augmentation ne dépasse pas 3% sur le nouveau modèle. Nous avons présenté le nouveau 54 au Grand Pavois de La Rochelle en septembre dernier et allons présenter le 60 cette année à Cannes et La Rochelle en septembre.
La grande nouveauté 2025 est l’ADV 7 qui a été exposé au dernier salon de Düsseldorf. Ce tout nouveau concept pour Highfield démontre notre volonté et notre capacité à investir sur l’avenir. Ce bateau est à la croisée des chemins entre le semi-rigide et le rigide, apportant le meilleur des 2 mondes : le confort des flotteurs, une coque en fibre pour offrir plus de possibilités d’aménagements, plus de largeur, plus de confort... Ce bateau sera à découvrir aux salons de Cannes et de La Rochelle et devrait séduire une large clientèle.
Figaro Nautisme : Highfield en chiffres ?
Pascal-Eric Montazel : L’usine exclusivement dédiée à la fabrication des Highfield vient d’être agrandie : nous avons maintenant 46 000 m2. Tout est fabriqué sur place, nous n’utilisons pas de sous-traitants. En 2024, le chiffre d’affaires mondial de la marque était de 20 millions d’euros et l’Europe représente 44% de ce chiffre et la France 15%. L’effet Jeux Olympiques, où nous étions partenaire, a boosté notre visibilité l’année dernière. Depuis la création de la marque, 60 000 unités ont été fabriquées. En moyenne, l’usine produit autour de 6 000 Highfield par an, avec une pointe à 10 000 en 2022. Aujourd’hui, la part en CA des bateaux de plus de 5 m représente 67%, contre 56% l’année précédente.
Malgré un contexte économique qui nous challenge en 2025, nous redoublons d’efforts pour maintenir les chiffres de 2024 en France. La performance de notre réseau de distribution et des chantiers nous permettent d’enregistrer en livraison à fin juin un CA en légère progression de +7% par rapport à 2024.
Figaro Nautisme : Dernière question : votre dernière navigation et la prochaine ?
Pascal-Eric Montazel : Ma dernière navigation était la semaine dernière à l’occasion des Highfield Family Day, un rendez-vous annuel que nous organisons pour nos clients. Cette année, l’évènement avait lieu aux Glénan au départ de la concession de Port-La-Forêt appartenant à notre concessionnaire agréé Marine West. Un moment toujours incroyable de partage et d’échanges...
Quant à la prochaine, elle aura lieu pendant mes vacances d’été sur la côte varoise, entre Porquerolles et Port-Cros et tous les petits coins magiques que l’on peut trouver sur place...