Pour leur première compétition disputée en double, la prestigieuse Rolex Fastnet Race au profil très côtier et réputée pour ses difficultés, les deux skippers Isabelle Joschke et Fabien Delahaye auront l’occasion de se rôder sur les manœuvres et d’emmagasiner davantage de vécu en commun sur l’IMOCA MACSF. Ils mettront également à profit les entraînements effectués depuis le début du mois de juin, entraînements qui leur ont permis de trouver des automatismes à deux en vue de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre.
Faire le plein d’expérience
Le 8 août, Isabelle Joschke et Fabien Delahaye prendront le départ de la célèbre Rolex Fastnet Race, course mythique en équipage et sans escale qui conduira la flotte du port de Cowes sur l’Ile de Wight dans le sud de l’Angleterre vers la mer celtique pour enrouler le Fastnet Rock avant de mettre le cap sur Cherbourg où sera jugée l’arrivée. Avec ses nombreuses difficultés, la Fastnet constitue une expérience dont le duo devrait tirer d’importants bénéfices en vue de la Transat Jacques Vabre.
« A mes yeux la première difficulté est le départ de la course et la sortie du Solent. Au début c’est un parcours côtier, il y a énormément de manœuvres et de croisements de bateaux de types différents avec bien sûr pas mal de courant car on est dans la Manche. On est donc très souvent obligé de virer de bord ou d’empanner. Or nos bateaux ne sont pas conçus pour faire des régates au contact avec les foils, le mât qui tourne, les ballasts. On aura quantité de choses à gérer. Ensuite on va en mer d’Irlande, on sait que cela peut être chaud si on se retrouve pris dans une grosse dépression. Ce qui est génial, c’est que cette course va beaucoup nous apporter au niveau des manœuvres, de la gestion des courants et des trajectoires. C’est un exercice très excitant et super intéressant aussi pour la stratégie. Cette compétition va nous donner une expérience solide pour la suite. », résume Isabelle.
Naviguer en double, tout un apprentissage
Depuis début juin, Isabelle Joschke et Fabien Delahaye ont enchaîné les navigations à bord l’IMOCA MACSF. A savoir principalement des sorties en mer de 24 heures, effectuées au large de Lorient et qui s’inscrivent dans le cadre de la préparation globale à la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre qu’ils disputeront ensemble à l’automne (départ du Havre le 7 novembre). Pour le binôme qui se connaît depuis les années Figaro, ces entraînements remplissent des objectifs multiples : se familiariser avec la configuration en double, optimiser la complémentarité et l’organisation de l’équipage et travailler sur la connaissance du monocoque en vue d’améliorer ses performances en course.
« Manœuvrer en solitaire ou à deux, ce n’est pas du tout le même exercice. Quand on est seul, on sait qu’il ne faut pas se précipiter, que l’on va devoir s’économiser. Tandis que quand on est deux sur le pont, on doit réussir à être le plus rapide possible. Cela demande d’être au point en termes d’organisation. De plus je connais très bien le bateau, Fabien beaucoup moins. Il est important qu’il puisse se familiariser avec lui. Chaque bateau est unique, il faut vraiment le connaître, c’est la base ; par exemple les emplacements des bouts, leurs couleurs. Ce que je trouve chouette, c’est que Fabien s’adapte très vite, il a navigué sur plusieurs types de supports et possède une expérience qui se révèle très précieuse », indique Isabelle.
La recherche progressive d’automatismes
Trouver ses marques, avoir les bons réflexes, être synchronisés : naviguer à deux réclame du temps et beaucoup de pratique. Le duo Isabelle Joschke - Fabien Delahaye avance à son rythme, comme le décrit la navigatrice : « Les automatismes se mettent en place. Mais parler d’automatismes est peut-être exagéré. On en aura sans doute quand on sera arrivé à la fin de la Jacques Vabre. Avant de connaître véritablement mon bateau, il m’aura fallu accomplir un tour du monde. On est en train de se caler mais on avance progressivement. On participe à la Rolex Fastnet Race aussi pour cette raison ».
Une répartition des rôles bien définie
Comment fonctionnent-ils à bord ? Qui décide de quoi ? Chacun des deux navigateurs connait son champ d’intervention, les tâches qu’il a à réaliser et ses responsabilités.
« Le double c’est toujours un peu pareil. Il faut que chacun soit capable de mener le bateau en solitaire. Quand l’un dort, l’autre doit être capable de le régler tout seul. L’objectif c’est que Fabien devienne aussi autonome que moi sur MACSF. Quand on travaille sur la performance et ses outils, c’est son domaine. De mon côté, je vais me concentrer sur la manipulation du bateau. C’est moi qui valide les manœuvres et tout ce qui est fait sur le bateau. J’ai une manière de fonctionner qui pose une base. Fabien va être force de proposition pour essayer des choses nouvelles » détaille Isabelle.