Le bateau est à peine sorti du petit port de Shimoda (sud-ouest de Tokyo) que l'équipage jette déjà ses filets. Mais au lieu de pêcheurs ordinaires, ce sont des chercheurs en quête de microplastiques, étudiant cette pollution marine au Japon.
Après avoir dérivé une quinzaine de minutes à la surface, la "chaussette" - un filet en forme d'entonnoir - est hissée à l'arrière du bateau et les nouvelles prises, nichées dans une boue de plancton, sont d'abord inspectées à l'oeil nu.
"Le bleu, ça c'est du microplastique, et ça, c'est du polystyrène je pense", indique du doigt Sylvain Agostini, professeur assistant à l'université de Tsukuba (nord-est de Tokyo) et directeur scientifique de la mission franco-japonaise Tara-Jambio, qui pratique ces prélèvements tout autour de l'archipel nippon depuis avril 2020.
Avec plus de 200 échantillons déjà recueillis, en surface et dans les sédiments, cette mission est la plus vaste étude à ce jour sur la concentration des microplastiques (des particules entre 0,3 et 5mm) dans les eaux côtières japonaises.
L'étude s'intéresse aussi à la "plastisphère", un écosystème marin encore très mal connu, formé par des micro-organismes flottant avec les microplastiques, parfois sur des milliers de kilomètres.
"Nous voulons voir si ces bactéries peuvent être dangereuses ou non pour la chaîne alimentaire", explique Jonathan Ramtahal, un étudiant de Trinité-et-Tobago participant à la mission.
Si les résultats scientifiques devraient se faire attendre jusqu'en 2024 au moins, un constat immédiat est clair: "Il n'y a pas un échantillon où l'on n'ait pas trouvé du plastique", selon M. Agostini.