S'infiltrer sous terre avec les taupes, voler parmi les flamands roses en Afrique, voir comme une chauve-souris: "L'Odyssée sensorielle" invite à prendre une bouffée de nature en images, sons et odeurs, pour éveiller les sens à la beauté et la fragilité des écosystèmes.
Depuis le 23 octobre et jusqu'au 4 juillet 2022, la Grande galerie de l'Evolution du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) à Paris propose une plongée dans huit milieux naturels exotiques.
Pour préparer l'exposition, des scientifiques du Muséum ont accompagné des équipes de tournage du studio Sensory Odyssey pour filmer des flamands roses nains sur le lac Magadi au Kenya, enregistrer la vie nocturne autour d'un point d'eau dans la savane kényane, descendre le long des arbres tropicaux en Guyane, suivre les insectes d'une prairie en Aveyron, découvrir l'océan à Mayotte, et les paysages du grand Nord au Groenland.
Le spectateur commence son voyage par l'envol des flamands roses, avant de se retrouver au bord du point d'eau dans la savane, dans le noir, entouré des bruits de babouins, buffles et fauves venus s'abreuver. Place ensuite à la forêt tropicale, parcourue de haut en bas dans l'épaisseur de la végétation.
D'autres équipes ont reproduit l'écholocalisation qu'utilisent les chauve-souris pour se déplacer, donnant à voir ce sens dont nous sommes dépourvus. Elles ont aussi reconstitué une coupe du sol et la vie sous terre, grouillante de champignons, fourmis, acariens, taupes...
Puis le spectateur est immergé dans une prairie, à hauteur d'insectes, dans une odeur d'herbe mouillée, avant de changer complètement de décor, avec un récif corallien rempli de poissons.
Dans chaque ambiance, les sens sont sollicités via les images, en haute définition, les sons et la reproduction d'odeurs, comme l'humus ou les fleurs. L'effet est globalement réussi.
"Le pari est de donner une expérience plus intuitive de ces écosystèmes exotiques, parce qu'ils sont loin de nous", pour des raisons géographiques ou d'échelle, explique Marc-Antoine Selosse, professeur au MNHN.
"Le choix a été fait de ne pas perturber cette expérience par des explications", qui sont apportées dans une salle finale, poursuit le scientifique.
Appelée "retour d'exploration", elle présente les différents milieux visités, leur faune et flore et propose plusieurs expériences pour découvrir d'autres sens, "se questionner sur notre perception du monde", selon le dossier de presse.
Aude Lalis, enseignante-chercheuse du Muséum, a accompagné le tournage au Groenland, où elle étudie habituellement les renards arctiques. "J'ai voulu faire ressentir au grand public les émotions que j'ai eues sur mon terrain de recherche, et de les sensibiliser à cet environnement fragile", raconte-t-elle à l'AFP.
Son rôle, "en collaboration avec les guides locaux inuits, a été de trouver les endroits où filmer un glacier, des renards ou des baleines à bosse", poursuit la chercheuse.
Elle espère "faire ressentir des émotions aux gens pour qu'ils se sentent plus impliqués" dans la protection de leur environnement, mis à mal par les activités humaines.