Un îlot du lac de Garde, symbole de la sécheresse frappant l'Italie

Escales
Dimanche 26 février 2023 à 11h20

©Reuters

Un flot ininterrompu de visiteurs, à pied ou à vélo, se déverse sur l'étroit sentier de pierre et de sable apparu entre les rives du lac de Garde et l'îlot de San Biagio, devenu le symbole de la sécheresse frappant l'Italie du nord cet hiver.

Joyau niché dans le sud-ouest du lac de Garde, l'île parsemée de cyprès aux rives désertiques, qui n'était joignable que par bateau dans le passé, attire des familles entières, venues constater les dégâts du changement climatique.

"C'est un spectacle très beau, mais triste en même temps, car c'est dû à la sécheresse. Nous espérons que ce sera de courte durée", confie Alberto Pampuri, un retraité de 62 ans venu à vélo de Brescia, à une quarantaine de km du lac, avec sa femme et deux amis.

Ce phénomène insolite rappelle les passerelles flottantes érigées en 2016 par l'artiste Christo sur le lac d'Iseo. "Mais c'étaient des pontons artificiels, alors que là, c'est une oeuvre d'art naturelle!" s'enthousiasme Agata Carteri, une enseignante de 48 ans.

Pénurie de neige sur les cimes des montagnes aux alentours, absence de pluie depuis six semaines, températures douces: ce cocktail explosif a fait descendre l'eau du plus grand lac d'Italie à son plus bas niveau depuis 30 ans en période hivernale.

L'eau du lac est à 44 cm au-dessus du zéro hydrographique, son point de référence historique, contre 107 cm l'an dernier, et se trouve ainsi 60 à 70 cm en-dessous de la moyenne des dernières décennies.

- Afflux de visiteurs -

Après une sécheresse record pendant l'été 2022, qui a décimé les récoltes, le nord de l'Italie donne à nouveau des signes inquiétants. Les eaux du Pô, le plus grand fleuve italien, sont au plus bas, à l'instar du lac de Garde, mais aussi des lacs Majeur et de Côme.

Il y a cinq ans, Matteo Fiori traversait à pied la baie de Manerba del Garda pour rejoindre l'île de San Biagio, en soulevant son sac à dos au-dessus de sa tête pour le mettre à l'abri des flots.

"L'eau m'arrivait jusqu'à la poitrine, c'était l'aventure", raconte ce travailleur social de 45 ans, venu admirer le phénomène de cet isthme sorti des eaux avec sa femme et ses trois enfants.

L'afflux de touristes, inespéré pour un mois de février, est une aubaine pour la petite commune de Manerba del Garda: "l'île est devenue une attraction appréciée hors saison qui fait connaître davantage notre lac", commente à l'AFP son maire, Flaviano Mattiotti.

"Si le niveau du lac ne monte pas au printemps, nous sommes prêts à draguer les ports pour faciliter l'accès des bateaux de tourisme, ce qui serait une première", dit-il.

Près de 28 millions de touristes ont visité le lac de Garde l'an dernier, dont environ 40% sont germanophones, en provenance d'Allemagne, d'Autriche ou de Suisse.

- "Marcher sur l'eau" -

"C'est comme marcher sur l'eau", s'émerveille Afra Vorhauser, venue du Haut-Adige, une région italienne germanophone aux confins de l'Autriche, après avoir parcouru la mince bande de terre. "Dès que j'ai vu un reportage sur l'île au journal télévisé allemand, j'ai décidé de venir".

Sur cet îlot inhabité, connu également sous le nom d'"Ile des Lapins", des familles pique-niquent sur l'herbe, sous un beau soleil d'hiver, ou se promènent sur les plages arides. Les enfants grimpent sur les rochers et font ricocher des pierres sur l'eau.

Cet hiver on constate "un mouvement touristique nouveau dû à la curiosité de découvrir certaines zones du lac qui sont habituellement sous l'eau", explique Paolo Artelio, président de VisitGarda, l'agence de promotion du lac de Garde.

Parmi ces attractions figurent aussi les Grottes de Catulle, vestiges d'une villa romaine à la pointe de la péninsule de Sirmione, dont une partie a fait surface.

Cependant, "pour les touristes, rien ne change, car le lac a toujours 136 mètres de profondeur en moyenne, ils peuvent faire du surf, de la voile ou se baigner à volonté", rassure Pierlucio Ceresa, secrétaire général de l'organisme Comunità del Garda, chargé de la qualité de l'eau.

Il juge "prématuré de crier au désastre". Selon lui, "il suffit d'une fin février avec de la neige et d'un mois de mars pluvieux pour que la situation revienne à la normale".

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l'atout voyage et évasion de l'équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l'actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne. Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l'édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com. Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l'Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Depuis toujours, François est passionné de voile en général et de multicoques en particulier. En croisière ou en course, de l’Europe à l’Australie, il ne les délaisse que lorsque le règlement l’exige : Mini-transat, Fastnet, Giraglia… Jamais rassasié de nouveautés, il a assisté à la plupart des salons sur les cinq continents. Depuis 2018 il se consacre entièrement à la rédaction et à l’information, notamment pour Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s'est toujours intéressé à l'équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l'auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d'occasion et qui décrivent non seulement l'évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son Targa 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Eric Mas est l'un des fondateur de METEO CONSULT – La Chaîne Météo. Éminent spécialiste de météo, Eric est également un marin passionné qui a routé les plus grands skippers sur toutes les eaux du globe : VDH lors du premier Vendée Globe, Philippe Jeantot, Jean Maurel, Michel Desjoyeaux, Francis Joyon, et tant d'autres. Actuellement il participe au projet de Lalou Roucayrol sur son multi 50.
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