
Après quatre jours de course sur la cinquième étape de The Ocean Race, la flotte des IMOCA cavale en Atlantique nord. A la faveur de conditions de vent soutenues (sud-est d’une vingtaine de nœuds), les monocoques de tête alignent des moyennes impressionnantes. Holcim-PRB actuellement deuxième derrière le leader 11th Hour Racing Team a parcouru 521 milles ces dernières 24 heures pour une moyenne de près de 22 nœuds ! Les milles défilent donc dans le sillage des IMOCA qui ont finalement réussi à passer un front dépressionnaire hier après-midi et se sont mis à l’abri des pièges anticycloniques en touchant du nouveau vent.
A bord d’Holcim-PRB, à ces vitesses, la vie à bord est très difficile. Tout déplacement demande à être anticipé, manger est une opération risquée et il faut vraiment réussir à déconnecter le cerveau pour trouver les quelques minutes de repos salvateur dans une bannette qui fait des bonds incessants et incontrôlés… Mais le plaisir d’être de nouveau en course sur cette étape après l’abandon au large du Brésil, réussit presque à minimiser l’inconfort vécu par Kevin Escoffier, Abby Ehler, Sam Goodchild et Charles Caudrelier. Le quatuor de Holcim-PRB se bat et profite d’être lancé tribord amure sur une mer relativement calme pour allonger la foulée et revenir sur les Américains, distant d’une trentaine de milles.
Ce que réalise Holcim-PRB est d’autant plus remarquable que l’équipage a rencontré des problèmes peu de temps après le départ pour obtenir les informations de vent nécessaires pour la performance du bateau. Avant-hier, un aérien en tête de mât s’est décroché, entrainant la chute du deuxième. Un système de remplacement a d’abord pu être installé à l’arrière du monocoque avant que Sam Goodchild ne monte au mât hier pour le connecter.« Suite au démâtage, nous avons dû refaire les aériens, tous les supports, etc. Nous avons eu une seule journée pour valider tout cela, le samedi à Newport dans des conditions de mer clémentes. Pour le départ de course, nous avons eu un peu plus de vent que prévu. Nous avons eu un bord de reaching avec une trentaine de nœuds de vent. Dans ces conditions, un des capteurs qui nous permet d’obtenir la direction et la force du vent a cassé, puis le deuxième. Nous n’avions ni la force du vent (ce qui nous permet de choisir la voile optimale), ni la direction du vent (ce qui nous permet de savoir d’où vient le vent quand il faut empanner et adapter notre stratégie météo). Dès que nous avons pu, nous sommes montés en tête de mât pour installer un aérien de remplacement. On a réussi à jouer au feeling mais ce n’était pas idéal. Nous progressions par rapport à la vitesse et aux sensations sur le bateau. C’est beaucoup moins bien en termes de performance. C’est une conséquence de notre démâtage.» explique cet après-midi le skipper du monocoque suisse.
Malizia, troisième au classement, est à une cinquantaine de milles du tableau arrière de Holcim-PRB. Quant à Biotherm, il évolue dans un vent différent (nord-ouest) et n’a pas encore passé le centre de la dépression. L’équipage a par ailleurs signalé des problèmes de pilote automatique et de fixation d’une voile d’avant (J3) en tête de mât. Les heures à venir s’annoncent toujours rapides pour le trio de tête. L’occasion, peut-être de faire tomber le record des 24 heures détenu par Holcim-PRB et établi le 12 mars dernier lors de la troisième étape de The Ocean Race. 595,26 milles (1 102 km) avaient été parcourus par Kevin Escoffier et son équipage alors en course dans le grand sud. « Hier, nous avons rattrapé un front. Nous sommes passés devant et là, on le suit en tribord amure ce qui donne des vitesses élevées. La vie à bord s’en ressent forcément. Par contre, la mer est plate ce qui est plutôt agréable. Ça évite d’être trop sous l’eau mais ça tape quand même un peu. Pour nous, c’est la reprise après l’abandon sur la quatrième étape. Nous avons fait quelques erreurs qu’on a payé un peu trop cher à mon goût. 11th Hour Racing Team a également très bien navigué. Nous avons recroisé derrière eux à 6 milles mais nous n’avons pas très bien navigué dans le passage du front. Mais c’est vrai que ce n’était pas facile avec les problèmes d’aériens. Sans information de vent, ces moments-là sont assez compliqués. Si ça continue comme ça, le record des 24 heures va tomber ! » conclut Kevin Escoffier dans un énorme brouhaha qui témoigne des hautes vitesses alignées par le monocoque vert et bleu.