Le navigateur Eric Bellion renoue avec le solitaire

Par Figaronautisme.com

Contraint de renoncer à la Transat Jacques Vabre et au Retour à La Base fin 2023 suite à une avarie endommageant son monocoque flambant neuf, Eric Bellion signera son retour à la compétition dimanche 28 avril sur The Transat CIC. Si le coup d’envoi de cette transatlantique engagée sera donné de Lorient, au cœur de la Sailing Valley française, c’est bien du côté de Port la Forêt que le skipper de STAND AS ONE enchaine les navigations depuis la remise à l’eau de son IMOCA, le 26 mars dernier. Objectif : reprendre confiance… en son bateau, en sa capacité à renaviguer en solitaire mais aussi, un peu, en sa chance.

Contraint de renoncer à la Transat Jacques Vabre et au Retour à La Base fin 2023 suite à une avarie endommageant son monocoque flambant neuf, Eric Bellion signera son retour à la compétition dimanche 28 avril sur The Transat CIC. Si le coup d’envoi de cette transatlantique engagée sera donné de Lorient, au cœur de la Sailing Valley française, c’est bien du côté de Port la Forêt que le skipper de STAND AS ONE enchaine les navigations depuis la remise à l’eau de son IMOCA, le 26 mars dernier. Objectif : reprendre confiance… en son bateau, en sa capacité à renaviguer en solitaire mais aussi, un peu, en sa chance.

Estomper doutes et appréhension

Comme après tout traumatisme, il faut du temps pour écarter l’appréhension, c’est ce qu’a ressenti Eric au moment de larguer à nouveau les amarres « j’ai l’impression d’être celui qui remonte en selle après une violente chute à cheval ». Des doutes qui vont très vite se dissiper au fil des milles mais qui sont aussi sains et naturels, comme l’explique le navigateur de 48 ans.

« Douter est une chance »

« Je suis quelqu’un qui doute : je doute de moi, de mes capacités. J’oublie régulièrement que j’ai des capacités et je suis obligé de m’y reconnecter avec un gros travail. Le doute c’est à la fois fatiguant, épuisant mais c’est aussi une chance, car ça pousse au questionnement et à la préparation. Y’a rien de plus insupportable qu’une personne qui a trop confiance en elle. Je pense même, que les gens qui ne doutent pas sont des gens dangereux, dangereux pour eux et pour les autres. »

Reconstruire cette confiance à force de travail et de patience, voilà la seule et unique clé. Pour celui qui doit à tout prix terminer une des transatlantiques au programme cette année pour pouvoir participer au Vendée Globe, il va falloir réessayer, redemander l’autorisation de passage à l’océan et espérer que cette fois ci, qu’il le laissera passer.

Entretenir la connexion avec le bateau

Quand Eric parle de sa toute première navigation sur le bateau familial vers les iles anglo-normandes, c’est un souvenir heureux qu’il évoque « un petit bonhomme de 6/7 ans, blond, la coupe au bol et fier de tenir la barre », mais il n’a pas toujours été serein sur un bateau. Il avoue même que jusqu’au Vendée Globe 2016, aller en mer était davantage un combat pour lui, un genre de corps à corps avec sa peur.

« La plus grande peur sur notre planète est en mer »

« J’ai commencé à aller en mer pour devenir un homme. Parce que pour moi, pour être un homme il fallait affronter sa peur et l’endroit où il y a la plus grande peur sur notre planète c’est en mer, j’allais donc en mer pour me battre avec cette peur. C’est sur le Vendée Globe que j’ai compris que ça ne servait à rien, que la peur gagnerait toujours, qu’elle serait toujours là et que la seule solution c’était d’en faire une amie, de la prendre sous le bras et d’avancer. »

Pour autant le bateau reste le meilleur allié d’un navigateur. Eric entretient un lien fort avec eux, il est habitué à les personnifier, à prendre soin d’eux, à les écouter au même titre qu’un équipier. Le lien à STAND AS ONE est d’autant plus fort qu’il lui a donné la vie, la confiance est alors absolue.

« Avec mon bateau, on est comme 2 soldats au front »

« Je m’efforce de créer la plus belle des relations qui soit avec mon bateau. On est un duo, je veille sur lui et il veille sur moi, comme 2 soldats seuls au front. J’ai toujours eu moins d’expérience que mes bateaux mais là ce n’est pas le cas, je suis plus expérimenté que lui, puisqu’il est tout neuf. C’est à moi de lui montrer le chemin et de le rassurer. »

Se connaitre

Partir sur ce type d’aventure requiert d’avoir un minimum d’assurance. Si aujourd’hui les équipes passent beaucoup de temps à affuter leurs bateaux, ils sont peu à miser de l’argent et de l’énergie sur le skipper et sa confiance. Pourtant le Vendée Globe est une histoire de couple : un skipper et son bateau. La vitesse du bateau étant bien souvent proportionnelle à la confiance de son capitaine. En amont d’un départ de course, il s’y prépare. C’est avec Gérard Vaillant, coach professionnel, qu’il travaille son aptitude mentale à se gérer dans ces moments particuliers.

« M'entourer d'un coach pour me connaitre est primordial »

« On est tellement vulnérables sur ces courses longues et difficiles qu’il ne faut pas partir pour de fausses bonnes raisons. Il faut se voir tel qu’on est avec nos forces et nos faiblesses, savoir pour quelle raison intime on se lance dans ce tour du monde. Et ça c’est difficile de le savoir quand on est la tête dans le guidon, à vivre à 100 à l’heure sur nos projets. C’est pour cette raison que je me prépare avec Gérard Vaillant, il m’aide à prendre ce recul nécessaire. »

Gérard Vaillant  « Investir du temps dans sa préparation mentale pour performer »

« Aujourd’hui un sportif de haut niveau ne peut plus être le facteur limitant de sa performance. S’il en ressent le besoin, il doit investir du temps dans sa préparation mentale. Eric travaille beaucoup sur cet aspect-là, il a une très bonne connaissance de lui et de ses émotions. Il sait que partir au large, se confronter à la peur, le fait grandir. Comme lui, on a tous la possibilité d’aller plus loin.»

 « Mon tatouage, ma piqure de rappel »

« J’ai un tatouage maori sur l’avant-bras droit, un endroit du corps que je peux voir quand je suis à la manœuvre puisque c’est mon bras d’action. Il représente une vague déferlante (la peur) et une étoile (l’au-delà), un dessin réalisé par un grand tatoueur marquisien avec une forte symbolique : au-delà de la peur il y a la connaissance de soi, le bonheur et la réussite. Ça m’oblige à me rappeler qu’il faut que j’aille au-delà de ma peur et surtout pas que je m’arrête du mauvais côté du miroir. »

Pouvoir compter sur ses concurrents

Le 10 novembre 2024, ils seront 40 solitaires à s’élancer sur les mers du globe pour un tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Le Vendée Globe est certainement la seule compétition sportive au monde où le concurrent le plus redouté peut devenir le plus grand allié. Dans les mers du sud, les endroits les plus reculés, seuls les autres concurrents peuvent se dérouter et venir en aide en cas de difficulté.

« Se mettre en danger pour l'autre : tout le monde le fera »

« On connait la difficulté de l’épreuve, on sait où on met les pieds, nous sommes tous des marins confirmés et j’ai aucun doute sur le fait que si j’ai un problème quelqu’un me viendra en aide. Je n’hésiterai pas une seule seconde à tout plier pour aller chercher quelqu’un. C’est facile à dire, moins facile à faire, quand il faut faire demi-tour et retourner dans la tempête, qu’on va se mettre soi même un peu en danger, mais je sais que tout le monde le fera. Ce qu’il reste de toutes ces aventures au final, ce ne sont pas des trophées ou des beaux reportages, ce sont des relations humaine s et, au mieux, des amitiés. »

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...