
Record de vitesse, de participation des équipes, mais aussi des acteurs de l’industrie... le 11e Monaco Energy Boat Challenge organisé par le Yacht Club de Monaco s’impose comme le haut lieu des propulsions alternatives dans le Yachting. Avec 40 universités en lice, 700 étudiants impliqués durant l’année dont 450 présents sur site, 25 nations, plus de 50 unités en mer... cette édition s’est une nouvelle fois démarquée en tant qu’évènement zéro émission en termes de mobilité. Un évènement cher à S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, président du Y.C.M. qui après avoir rencontré toutes les équipes, a donné le départ de la course du championnat le dernier jour. « Cette semaine est un succès populaire comme en témoigne le nombre de visiteurs venus découvrir les innovations. Un engouement qui fait écho à celui qui animait la Principauté au début du siècle dernier à l’occasion des premiers rassemblements de canots automobiles » précise Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du Y.C.M. Soutenu par la Fondation Prince Albert II de Monaco, UBS, BMW et SBM Offshore, l'événement séduit des acteurs de renom du yachting tels que Monaco Marine, Oceanco, Ferretti Group, Azimut | Benetti Group, Sanlorenzo ou encore Lürssen.
Des progrès sur toute la ligne
Les prouesses technologiques dévoilées sur les paddocks ont fait leur preuve en mer lors des différentes épreuves telles que la parade, les essais en mer, la course en flotte, le YCM E-Boat Rallye, les épreuves d’endurance, de manoeuvrabilité ou encore le slalom... et le moins que l’on puisse dire, c’est que le niveau est monté en gamme. Preuve en est avec le record de vitesse pour lequel les bateaux étaient chronométrés sur une distance donnée, inspirée des règles de la course du km de 1904. Sans surprise, la classe Open Sea a mené la flotte de 33 participants, avec un nouveau record pour Goldfish x9 d'Evoy enregistrant des pointes à 56 noeuds et une vitesse moyenne de 48,60 noeuds contre 34,71 noeuds l’année dernière. « Certains pays avaient du mal à l’époque à passer le contrôle technique et aujourd’hui nous les voyons avec une hybridation hydrogène/batterie qu’ils ont faite eux-mêmes et un système d’intelligence artificielle qui permet justement d’optimiser la consommation d’énergie » explique Jérémie Lagarrigue, président du jury international et CEO d’EODev. Le Comité technique ayant pour mission de vérifier la conformité des prototypes, garantissant ainsi la sécurité en mer, celle- ci était par ailleurs assurée à chaque instant par l’encadrement technique, les bénévoles et les pompiers présents sur site. Les Français de Néréides en Energy Class en ont par exemple fait l’expérience après un incident technique en mer obligeant le pilote à sortir du bateau en moins de 5 secondes. Un moment qui a permis de démontrer la qualité de l'organisation. Les équipes sont en effet en phase de test et si des accidents peuvent arriver, ils sont parfaitement maîtrisés.
Annonces et nouveautés
La catégorie Open Sea a donné le coup d’envoi des festivités avec le YCM E-Boat Rallye, rassemblant une quinzaine d’unités, dont El-Iseo, le premier Riva 100% électrique conçu par Ferretti Group et Deep Silence de Sialia Yachts, l’une des plus grandes unités à propulsion principale électrique commercialisée. Madblue marine P-01 et Inocel-Poséidon, propulsés à l’hydrogène, ont été avitaillés par Natpower aux côtés de Cambridge University Riviera Racing en Energy Class, en trente minutes seulement. « Poséidon possède une pile à combustible que l’on a développé et que l’on va industrialiser. L’idée est de développer la technologie et de montrer aux étudiants du Monaco Energy Boat Challenge que l’idée peut devenir une réalité, pour moi voici le vrai changement » note l’explorateur Mike Horn, co-fondateur de Inocel. Les unités ont pu s’amarrer au E- Dock dont une dizaine de bateaux Vita et Evoy. Le rendez-vous, en véritable plateforme de networking, a permis à ces deux sociétés d’annoncer leur collaboration, devenant le leader européen de la propulsion marine électrique haute puissance, en inboard et outboard, un an seulement après leur première rencontre au Y.C.M.
Carburants alternatifs : quel avenir ?
Intitulée « Carburants alternatifs et les technologies de pointe dans le domaine du yachting », la conférence de l’évènement a exploré l'avenir durable du secteur, en mettant en avant les carburants alternatifs comme le méthanol, prometteur en raison de sa facilité de stockage. « Plusieurs critères sont pertinents pour les carburants alternatifs, tels que la densité énergétique, la sécurité, la maniabilité, etc. » note Bernhard Urban, responsable du développement et de l'innovation chez Lürssen. « Nous avons besoin de chantiers navals, de partenaires techniques, mais aussi de la confiance des propriétaires de yachts et des équipages, de la disponibilité des carburants dans les ports et de la rapidité des autorités à définir les réglementations », a ajouté Paolo Bertetti, vice-président technique et R&D de Sanlorenzo. La question des réacteurs nucléaires à bord des yachts a également occupé les débats, bien que l'idée, pertinente sur le plan technique, voire réglementaire, souffre d'autres défis à relever, en particulier sur la propriété des réacteurs et du combustible, sans parler de son coût. En parallèle, le SEA Index® a présenté une nouvelle méthodologie de calcul des émissions de CO2, adaptable aux biocarburants, en partenariat avec RINA, visant à mieux évaluer l'impact environnemental du choix des carburants.
Hydrogène, un pari d’avenir
Dix équipes ont relevé le défi de l’hydrogène, l’une des propulsions mises à l’honneur à l’occasion de la 5e Table Ronde Hydrogène organisée par la Fondation Prince Albert II de Monaco, la Mission pour la Transition Énergétique et le Y.C.M. Dans le secteur maritime, le principal facteur de ralentissement du développement de cette solution est le manque d'hydrogène vert ainsi que, surtout, les problèmes d’infrastructures d'avitaillement, qu'il s'agisse de considérer la technologie des piles à combustible ou celle des moteurs thermiques à combustion hydrogène, une proposition qui apparaît de plus en plus pertinente, en particulier pour le rétrofit d'unités existantes.
And the winners are...
Le titre de Champion du Monaco Energy Boat Challenge 2024 a été décerné aux Grecs de Oceanos - NTUA. Ce prix récompense l'équipe qui a démontré ses qualités techniques lors des Tech Talks ainsi que ses performances en mer lors des épreuves nautiques. Les Italiens de Physis (Politecnico Milano) ont reçu quant à eux le très convoité « Prince Albert II of Monaco Foundation Sustainable Yachting Technology Award » doté de 25 000€. Lancé cette année, ce prix récompense la meilleure solution technologique en termes d’efficience énergétique et/ou de réduction des émissions de carbone. Le vainqueur pourra présenter les avancées de son projet au Monaco Energy Boat Challenge dès 2025, pour une période de 3 ans. « La Fondation Prince Albert II de Monaco est honorée de remettre ce prix à Physis (Politecnico Milano), en reconnaissance de sa technologie innovante qui améliore l'efficacité des piles à combustible. En soutenant des solutions évolutives et prêtes à être commercialisées, la Fondation prend des risques calculés pour faire progresser de manière significative l'avenir durable de l'industrie du yachting », explique Olivier Wenden, Vice-Président et Administrateur Délégué de la Fondation Prince Albert II de Monaco. Les concurrents ont par ailleurs déjà le regard tourné vers la 12e édition qui se déroulera du 2 au 5 juillet 2025.