Ofni, pour "objet flottant non-identifié": la rade de Marseille est interdite à la navigation pendant la durée des épreuves de voile, mais les champions redoutent la rencontre avec des morceaux de bois ou de plastique, qui pourraient ruiner leurs ambitions olympiques.
"A 60 ou 65 km/h, l'eau elle commence à être dure...", résume dans une grimace la Française Lauriane Nolot, N.1 mondiale de kite-foil et candidate à la première médaille d'or de sa discipline, qui fait son entrée cet été au programme olympique.
Portés par leurs foils, ces ailerons immergés qui leur permettent de "voler", bateaux, planches et kites vont en effet de plus en plus vite. Et leurs pilotes s'inquiètent logiquement de la propreté de la rade de Marseille.
"C'est une très belle baie mais il y a un peu de saletés dans l'eau. La gamelle, ça fait peur et en kite, on peut se prendre de grosses +boites+. Un sac plastique ou une cagette et bam ! C'est un arrêt brutal. Le foil s'arrête net et nous on est projetés en avant", raconte encore à l'AFP la Varoise Nolot.
En planche à voile aussi, les foils ont fait leur apparition, les vitesses se sont emballées et la crainte de la mauvaise rencontre avec l'ofni est la même.
"Si l'objet est en surface et qu'on le voit, on peut essayer d'anticiper le choc et de se blottir un peu pour amortir", raconte Hélène Noesmoen, qui fait son entrée en lice ce dimanche et qui visera elle aussi le podium.
"Mais quand c'est entre deux eaux, c'est compliqué. Et c'est une préoccupation parce que ça peut vouloir dire casse ou blessure. C'est une réalité de terrain, on l'accepte", ajoute la Française.
Troisième support à foils, le catamaran Nacra 17 n'est pas épargné, comme l'explique à l'AFP la Française Lou Berthomieu, qui fait équipage avec Tim Mourniac.
"Tu peux péter tes foils à tout moment ou te pourrir ta manche avec un sac poubelle. C'est assez dangereux et ça a un petit côté frustrant de ne pas maîtriser tous les facteurs", dit-elle, pointant une particularité du plan d'eau marseillais: "Quand il pleut, la rivière se déverse."
L'Huveaune, le fleuve qui traverse Marseille d'est en ouest, a en effet son embouchure au milieu de la rade sud, où se déroulent les régates olympiques.
"Les lendemains de pluie, on sait que c'est toujours des navigations compliquées. Les entraîneurs font toujours un tour du plan d'eau pour essayer de voir s'il y a des choses. Et quand on fait des tests de matériel, on ne sort jamais en lendemain de pluie pour ne pas casser", confirme Hélène Noesmoen.
Du côté de l'organisation, le problème est connu et surveillé, même si les premières prévisions météo n'évoquent que soleil et chaleur.
"On sait que ces ofnis existent. Ça peut être du bois flotté, des sacs plastiques... On veut absolument éviter qu'ils puissent altérer l'équité sportive", assure ainsi Cédric Dufoix, le directeur des sites olympiques de Marseille et Nice.
En amont des épreuves, deux dispositifs ont donc été déployés, avec des filets installés à l'embouchure du fleuve pour bloquer les macro-déchets et un dégrilleur, une installation qui traite les eaux de pluie avant qu'elles soient rejetées dans le bassin de la marina.
Et en cas d'intempéries importantes, un bateau a été mis à disposition par la préfecture maritime et se tient prêt à sillonner la rade, à la recherche des dangereux ofnis.