
Une fois encore, l’épilogue de l’étape 1 de la Les Sables – Les Açores – Les Sables a prouvé que rien ne se passe jamais comme prévu en course au large. De fait, l’archi favori, Amaury Guérin (996 – Groupe Satov), a été contraint à l’abandon peu après le débordement du cap Finisterre à la suite d’une voie d’eau tandis que Paul Cousin (981 – AFP Groupe Combustibles), Quentin Mocudet (986 – Ascodal / Saveurs & Délices) et Joshua Schopfer (1028 – Mingulay) ont payé cher leur option sud. Ces quatre-là ont ainsi, malgré eux, laissé la porte grande ouverte à la concurrence qui n’a évidemment pas manqué de profiter de l’occasion, à commencer par Antonin Chapot (1043 – Bip Bip). Auteur d’une trajectoire quasi parfaite après le passage de la pointe nord-ouest espagnole, ce dernier a indéniablement frappé un grand coup, bouclant les 1 270 milles de ce premier acte avec une avance de plus de 13 heures sur ses plus proches poursuivants, Cédric Marc (1025 – Casper) et Blaise Ribon (1040 – Corto), que l’on n’attendait pas forcément non plus aussi bien placés.
« Au niveau du DST du cap Finisterre, je pense que certains sont partis un peu trop sud et se sont envoyés dans des conditions trop fortes, notamment au niveau de la mer. De mon côté, j’ai préféré empanner avant », a relaté Antonin Chapot qui s’est, de fait, montré bien inspiré à cet instant de la course car en plus de s’installer aux commandes de la flotte en restant sur une trajectoire assez directe le 22 juillet au soir, il a ensuite régulièrement augmenté son avance. « Quand j’ai entendu à la vacation que j’avais 80 milles d’avance sur le deuxième puis que le lendemain j’en avais même 120, ça a été la surprise. Je n’ai pas du tout compris ce qui se passait. Je pensais que ça allait revenir à un moment, que ça se rééquilibrerait », a détaillé le navigateur qui a préféré, de ce fait, ne plus écouter les classements ensuite. « C’est peut-être une des premières fois en course où je ne me suis jamais vraiment posé de questions de savoir où étaient les autres. Sans doute parce que je ne les voyais pas à l’AIS. Je me suis vraiment focalisé sur moi et sur mon bateau. J’ai fait ma course en faisant abstraction du reste et c’est, je pense, ce qui a marché ! », a ajouté le skipper de Bip Bip, auteur d’un véritable hold-up sur ce premier acte. Rarement dans l’histoire de la course, on a d’ailleurs vu un tel écart entre le premier et son dauphin en bateaux de Série. « Si j’ai mis 60 milles aux autres sur cette étape aller, ils peuvent faire de même sur l’étape retour ! », a déclaré Antonin qui pourrait bien avoir d’ores et déjà plié le match mais qui préfère rester humble et ne pas s’emballer. « Mon objectif initial, c’était de finir dans les cinq premiers. Aujourd’hui, je sais qu’il y a effectivement possibilité de faire mieux », se réjouit néanmoins le marin, déjà vainqueur cette saison de la Roma Barcelona puis de la Roma Per Duo en tandem avec Aglaé Ribon.
La bonne surprise pour les uns, la douche froide pour les autres
S’il n’a pas caché sa stupéfaction concernant sa performance, Cédric Marc et Blaise Ribon, respectivement deuxième et troisième, ne l’ont pas fait non plus à leur arrivée. « C’est exceptionnel ! J’avais entendu à la vacation que j’étais aux avant-postes mais je savais qu’il y avait des options différentes au sein de la flotte et j’étais persuadé, vu les prévisions, que ça passerait au sud. La surprise a donc été totale lorsque j’ai franchi la ligne. J’ai demandé aux personnes qui étaient sur la ligne combien de bateaux étaient arrivés. Elles m’ont répondu qu’il n’y en avait qu’un alors que je pensais vraiment que le Top 10, c’était mort ! », a commenté le skipper de Casper, récent vainqueur de la Calvados Cup 3, super heureux de signer un premier podium sur une grande course. « Finir deuxième, c’est exceptionnel ! Si on m’avait dit ça au début du projet l’année dernière, j’aurais dit « jamais de la vie ! », a commenté le navigateur qui a devancé d’un peu moins de trois heures Blaise Ribon au terme de huit jours et des poussières de mer. « Je n’avais pas écouté les derniers classements. Je ne voulais pas me mettre la pression du résultat », a indiqué de son côté le skipper de Corto. "Ça a évidemment été top de découvrir que je terminais sur le podium de l’étape. La course n’a été que du plaisir ou, disons plutôt que je ne retiendrai que ça. Ça a été riche en apprentissages, en stratégie, en tout… Je suis allé au bout de moi-même, j’ai pris confiance en mon bateau mais aussi en moi. A présent, j’ai hâte de savourer cette escale à Horta mais j’ai également hâte de faire la deuxième étape ! », a terminé l’ingénieur, impatient par ailleurs de faire véritablement les comptes à l’issue de ce premier round après les arrivées des derniers – pas avant mardi soir - et les éventuelles décisions de jury.