Une édition anniversaire et un nouveau record de participation pour une course légendaire. Tous réunis jeudi à Paris, les 40 skippers au départ du 10e Vendée Globe ont hâte d'en découdre autour de la planète à bord de leurs bateaux volants.
"On est dans la dernière ligne droite, le départ est imminent", explique excité le navigateur Romain Attanasio (Fortinet - Best Western), engagé depuis quelques jours dans une course contre-la-montre pour réparer son voilier à temps après un démâtage.
Longuement applaudi par le public de la Seine Musicale, lors de la présentation des skippers, le marin de 47 ans "fait tout" pour être en mesure de se présenter sur la ligne le 10 novembre aux Sables-d'Olonne et tenter son 3e tour du monde.
"Un Vendée Globe, c'est toujours difficile, toujours beaucoup de galères, mais cela procure tellement de sensation que même quand tu e dans ces galères, tu n'as qu'une envie c'est de recommencer", a expliqué le 14e de l'édition 2020/2021.
A bord de son Imoca (monocoque de 18,28 mètres), il avait terminé sa circumnavigation par les trois caps de référence (Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn) en solitaire en 90 jours après avoir parcouru quelque 40.000 kilomètres (21.500 milles nautiques).
- "Une emmerde par jour" -
Pour cette 10e édition, le parcours reste le même, mais les prétendants sont plus nombreux et préparés que jamais. Quarante marins ont validé leur inscription à l'issue d'un parcours de qualification éreintant, marqué par trois transatlantiques en un an.
Le tenant du titre Yannick Bestaven (Maitre Coq) et les cadors de la classe Thomas Ruyant (Vulnérable), Charlie Dalin (Macif), Yoann Richomme (Paprec Arkea) ou encore Jérémie Beyou (Charal) disposent tous de montures de carbone volantes éprouvées.
Sur leurs "foilers" - nom donné à ces voiliers équipés d'appendices qui élèvent le bateau au dessus de l'eau pour le faire filer à grande vitesse -, ils menacent d'écraser le record établi par Armel Le Cléac'h en 2017 (74 jours, 3 heures, 35 min).
Mais la fragilité de certains de ces bateaux pourrait également allonger la liste déjà fournie des tentatives ratées. Depuis la première édition remportée par Titouan Lamazou en 1989, 200 marins s'y sont essayés, quand 114 seulement ont passé la ligne d'arrivée.
Un Vendée Globe, "c'est une emmerde par jour: une petite, une moyenne, une grosse et il faut tout régler le jour même car sinon ça s'accumule", a raconté Michel Desjoyeaux, unique double vainqueur de "l'Everest des Mers" (2001 et 2009).
- "Couper avec le monde" -
Comme toujours, derrière les projets à gros moyens très axés sur la performance, des profils plus aventuriers rêvent surtout de goûter aux joies et aux difficultés d'un tour du monde sans assistance et sans escale en solitaire.
"Ce que j'aime dans cette aventure, c'est de couper avec le monde humain", explique Guirec Soudée (Freelance.com), 32 ans, qui prendra pour la première fois de sa carrière le légendaire chenal des Sables-d'Olonne devant des centaines de milliers de personnes.
"C'est un rêve depuis que je suis toute petite", s'enthousiasme Violette Dorange (Devenir) benjamine de l'épreuve à 23 ans, soit 42 bougies d'écart avec le vétéran Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère) qui repart lui pour une 6e fois autour du monde.
Elle fait partie des six femmes engagées sur cette 10e édition, un nombre identique à 2021. Parmi les partants, il y aura quatorze skippers étrangers qui espèrent tous devancer les Français, ce qui n'est encore jamais arrivé.
Les Britanniques Sam Davies (Initiatives Coeur) et Sam Goodchild (Vulnérable), mais aussi l'Allemand Boris Herrmann (Malizia) peuvent tous légitimement viser la victoire grâce à leurs très bons résultats sur les courses qualificatives.
Tous les marins devront être aux Sables d'Olonne pour l'ouverture du village le 18 octobre.