
Sur les plages de Californie, les otaries se comportent de manière inquiétante. Attaques de surfeurs, morsures, comportements désorientés : ces scènes anormales pourraient être dues à une toxine produite par une algue marine, elle-même favorisée par le réchauffement climatique. Un phénomène documenté par plusieurs médias américains, dont Los Angeles Times et NBC News.Des attaques de plus en plus fréquentes"Féroce, sauvage, presque démoniaque" : c’est ainsi que RJ LaMendola, surfeur dans le comté de Ventura, a décrit une otarie qui l’a violemment pris pour cible lors d’une session de surf, comme le rapporte le Los Angeles Times. "Elle a tenté de me mordre, de m’entraîner sous l’eau… un moment terrifiant", confie-t-il sur Facebook. Quelques jours plus tard, NBC News relate le témoignage de Phoebe Beltran, une adolescente de 15 ans mordue à plusieurs reprises au bras droit. "Je hurlais, elle a fini par lâcher", raconte-t-elle.Ces attaques ne sont pas des cas isolés. Depuis plusieurs semaines, les centres de soins pour la faune marine reçoivent des otaries en détresse, et les réseaux sociaux se font l’écho de comportements anormaux et agressifs.Une neurotoxine en cause : l’acide domoïqueLe phénomène a rapidement alerté les chercheurs du Marine Mammal Care Center de San Pedro et de l’Institut pour la faune marine des îles Channel. Selon leurs analyses, citées par Los Angeles Times et relayées également par LCI, une neurotoxine appelée acide domoïque, produite par l’algue Pseudo-nitzschia australis, serait à l’origine de graves lésions cérébrales chez ces mammifères marins.Le mécanisme est bien connu : les algues toxiques sont ingérées par les petits poissons (sardines, anchois), qui sont ensuite consommés par les otaries, phoques ou dauphins. Une fois contaminés, ces derniers développent des troubles neurologiques, des convulsions, voire des accès de violence.Le rôle aggravant du climat et de la pollutionJohn Warner, directeur du centre de San Pedro, explique au Los Angeles Times que le réchauffement climatique joue un rôle clé dans cette crise : "La hausse des températures de l’océan et l’acidification liée aux nitrates issus du ruissellement urbain favorisent la prolifération des algues toxiques". Les pluies accentuent ce phénomène : les eaux polluées se déversent dans l’océan, stimulant la croissance des algues responsables.Ce n’est pas une première : en 2023, plus de 1 000 animaux marins seraient morts après avoir ingéré cette toxine, selon LCI. Cette année, près de 150 otaries ont été admises dans des centres spécialisés. Leur taux de survie se situe entre 50 et 65 %, tandis qu’une cinquantaine de dauphins échoués ont dû être euthanasiés.Une faune marine en détresse visible depuis la plageLes autorités locales n’ont pas tardé à réagir. Des panneaux d’alerte ont été installés sur plusieurs plages du sud de la Californie, demandant aux baigneurs et surfeurs de redoubler de prudence. La situation reste évolutive et le nombre d’animaux touchés pourrait encore augmenter.Derrière ces attaques surprenantes, c’est tout un écosystème marin fragilisé qui envoie un signal d’alarme. Et si l’image d’une otarie "hors d’elle" fait frémir, elle révèle surtout un déséquilibre profond, entre pollution, réchauffement