
Ce jeudi 10 avril 2025, une silhouette massive a fait irruption dans le quotidien du port de Calais : une baleine, morte en mer depuis des jours, s’est échouée dans le bassin Charles de Gaulle. Un rorqual commun femelle, long de 18,80 mètres et pesant près de 15 tonnes, a dérivé jusque-là, probablement portée par les courants et les remous des car-ferries reliant la France et l’Angleterre. Le corps en état de putréfaction avancée a été découvert bloqué entre les enrochements du port, rendant l’opération de récupération particulièrement complexe.Jacky Karpouzopoulos, président de la Coordination Mammalogique du Nord de la France (CMNF), était sur place : « L’animal est très marqué sur le flanc gauche. On suppose qu’elle a percuté de gros navires. » (France Bleu / France 3 Régions). Un scénario tristement plausible, au vu de l’intensité du trafic maritime dans le détroit du Pas-de-Calais. Les autorités ont mis en place une cellule de crise dans la foulée.Une première tentative de remorquage, dirigée par la SNSM de Calais, a échoué ce jeudi à cause des marées. La baleine s’est retrouvée coincée dans une zone à très faible tirant d’eau. « Cela va être très difficile de la sortir », reconnaît Karpouzopoulos. Une seconde tentative est prévue ce lundi 14 avril, à marée haute, pour tracter la dépouille vers le quai Paul Devot. Là, l’animal sera découpé et incinéré, comme l’exige la réglementation (BFM Grand Littoral).

Changement climatique, trafic maritime : un cocktail dangereux pour les cétacésCe genre d’échouage est encore rare dans la région, mais pourrait bien devenir plus courant. Le réchauffement climatique bouscule les habitudes des cétacés. Le plancton dont ils se nourrissent se déplace, et avec lui, leurs routes migratoires. « Ce n’est pas qu’elles cherchent des eaux plus froides, mais la nourriture, elle, change de zone », explique Karpouzopoulos à France 3 Régions. Résultat : certaines baleines empruntent désormais des passages plus étroits, comme celui de la Manche, où elles croisent de plus en plus de navires.La dernière fois qu’un événement similaire a été signalé dans la région remonte à novembre 2022, lorsqu’une baleine à bec s’était échouée sur la plage de Sangatte.En attendant l’évacuation, les autorités rappellent une consigne essentielle : ne surtout pas toucher l’animal. « C’est vraiment pénible de le voir à chaque fois, mais il faut insister : il ne faut pas approcher un cadavre d’animal sauvage », alerte encore le spécialiste. Les cadavres peuvent être porteurs de maladies transmissibles à l’homme.Pour tout signalement d’un mammifère échoué, vivant ou mort, une seule démarche : prévenir le Réseau National d’Échouages, géré par l’observatoire PELAGIS à La Rochelle (05.46.44.99.10).Spectaculaire, émouvante et inquiétante à la fois, cette scène dans le port de Calais rappelle que l’impact du climat et du trafic maritime sur les écosystèmes marins n’est plus à démontrer. Et que l’on risque bien de devoir s’y habituer.