
L'observation des baleines à La Réunion, pratique de plus en plus populaire, est soumise depuis mardi à des règles plus strictes, alors que les cétacés commencent à affluer dans les eaux de l'île pour y mettre bas et élever leurs petits.
Un nouvel arrêté préfectoral, en vigueur du 1er juillet au 30 septembre, vise à limiter les perturbations causées par l'activité humaine, après plusieurs incidents signalés lors de la saison 2024.
L'arrêté réduit de cinq à trois le nombre de navires autorisés dans un périmètre de 300 m autour d'un animal. Le nombre de personnes pouvant se mettre à l'eau pour nager près des cétacés passe de 10 à sept, tandis que les mises à l'eau ne sont plus autorisées que de 09H00 à 13H00.
En 2024, la fréquentation trop importante avait engendré des comportements inhabituels chez les animaux.
"Un groupe a été poussé par une baleine, d'autres baigneurs, qui se tenaient la main en cercle, ont été séparés par un coup de nageoire", rapporte Jonathan Cotto, chargé de mission pour l'équipe Quiétude du Centre d'étude et de découverte des tortues marines (CEDTM), qui suit également les cétacés.
Ces comportements inhabituels seraient dus à une "sur-sollicitation des animaux", avec jusqu'à "30 mises à l'eau par jour", selon lui.
Même constat du côté de Nicolas Le Biannic, directeur de la mer-Sud océan Indien (DMSOI): "Ces deux dernières années, la pression sur les animaux était plus importante, avec un nombre de sorties en nette augmentation, qui peut potentiellement poser des problèmes de sécurité", a-t-il expliqué à l'AFP.
Professionnels de la mer, scientifiques et associations avaient été consultés en amont et une consultation publique s'est tenue du 6 au 27 mai, les professionnels étant partagés face à ces restrictions.
"Le monde est l'ennemi des activités de pleine nature", déplore Agnès Lavaud, porte-parole du syndicat des activités de loisirs, qui pointe les abus de certains "opérateurs informels".
"Il y a des dérives, alors que si les mises à l'eau sont faites correctement, c'est un très bon moyen de sensibiliser à la fragilité des océans. On ne veut pas que la pratique soit interdite à cause de comportements irrespectueux", s'inquiète-t-elle.
L'île de La Réunion, dans l'océan Indien, est un des rares endroits au monde à autoriser les mises à l'eau des nageurs, y compris pour l'observation des mères et des baleineaux.
Leur nombre fluctue d'une année sur l'autre. En 2024, 416 baleines à bosse ont été observées à La Réunion selon le Groupe local d'observation et d'identification des cétacés (Globice), après une année record en 2023 où près de 1.200 baleines avaient été observées.