Le Vasa, navire du XVIIe siècle quasi-intact et unique au monde

Culture nautique
Par Figaronautisme.com

Si vous avez l’occasion de séjourner dans celle que l’on appelle la Venise du Nord, vous ne pouvez faire l’impasse sur le Musée Vasa. Comme son nom l’indique, vous y découvrirez ce fameux vaisseau de guerre du XVIIème siècle au destin tragique. Retour sur le triste naufrage du Vasa, à Stockholm.

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Si vous avez l’occasion de séjourner dans celle que l’on appelle la Venise du Nord, vous ne pouvez faire l’impasse sur le Musée Vasa. Comme son nom l’indique, vous y découvrirez ce fameux vaisseau de guerre du XVIIème siècle au destin tragique. Retour sur le triste naufrage du Vasa, à Stockholm.

Stockholm, 10 août 1628. La mer scintille sous le soleil de fin d’été. Une foule dense se presse sur les quais, les cloches sonnent, les tambours résonnent. Des dignitaires étrangers, des nobles en grande tenue, des marins disciplinés attendent dans une tension mêlée d’orgueil et d’inquiétude. Devant eux, le Vasa, fleuron flambant neuf de la marine suédoise, s’apprête à effectuer son voyage inaugural. Haut de plusieurs dizaines de mètres, orné de sculptures colorées représentant des lions, des empereurs, des sirènes et des saints, armé de 64 canons de bronze, il devait incarner la suprématie militaire du royaume. Mais en quelques instants, cette fierté nationale deviendra une humiliation maritime : le Vasa chavire et coule à peine quelques centaines de mètres après avoir quitté le port.

Le rêve d’un roi guerrier
Au début du XVIIe siècle, la Suède est en pleine expansion. Sous le règne du jeune roi Gustave II Adolphe, le pays aspire à devenir une grande puissance européenne. À la fois fin stratège et souverain ambitieux, Gustave souhaite renforcer sa flotte de guerre pour soutenir ses conquêtes, notamment contre la Pologne-Lituanie, alors adversaire redouté sur la Baltique. C’est dans ce contexte que naît l’idée d’un navire hors normes : un géant des mers capable de projeter la puissance suédoise bien au-delà de ses côtes.
Sa construction débute en 1626, supervisée par le maître charpentier hollandais Henrik Hybertsson. Dès le départ, le projet est sujet à des exigences grandissantes. Le roi veut plus de canons, plus de sculptures, plus de prestige. Il ordonne d’ajouter un second pont de batterie, une rareté pour l’époque, et de doter le navire d’un nombre impressionnant de canons lourds. Pourtant, les dimensions du navire n’étaient pas prévues pour un tel armement. Aucun contre-pouvoir technique n’ose remettre en question la volonté du souverain. Résultat : un navire splendide, certes, mais instable, trop haut sur l’eau, trop étroit à la base, trop lourd dans ses superstructures.

Un naufrage en mondovision
Lorsque le Vasa prend la mer pour la première fois, ce 10 août 1628, tous les regards sont tournés vers lui. On attend une démonstration de force. Quelques coups de canons sont tirés en son honneur. Il lève l’ancre, met les voiles, commence à s’éloigner du quai dans un vent modéré. Tout semble aller pour le mieux. Mais très vite, une rafale fait dangereusement pencher le navire. Il redresse légèrement... avant qu’une seconde bourrasque ne le pousse à basculer irrémédiablement. Par les sabords ouverts, ceux des canons du pont inférieur, l’eau s’engouffre à une vitesse effrayante. En quelques minutes, le Vasa sombre dans le port même d’où il venait de partir. Près de 50 hommes périssent dans la catastrophe, piégés à l’intérieur du monstre qui devait porter les espoirs d’un royaume.
L’enquête qui suit évite de pointer les responsabilités réelles. Les témoignages recueillis révèlent pourtant que le navire était notoirement instable. On évoque un test réalisé avant le départ : une trentaine d’hommes couraient d’un bord à l’autre du pont supérieur pour simuler une manoeuvre en mer. Le navire avait vacillé dangereusement... mais l’expérience fut interrompue avant qu’il ne chavire dans le port même. Personne n’osa avertir le roi.

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333 ans sous l’eau
Le Vasa aurait pu sombrer dans l’oubli, perdu dans les sédiments de l’histoire. Mais la mer Baltique, à sa manière, en décida autrement. Son eau, froide et peu salée, ne permet pas le développement de la térébranthe, un ver marin qui ronge le bois. Résultat : pendant plus de trois siècles, le Vasa repose intact au fond de la baie de Stockholm, à peine recouvert d’une couche de vase qui le protège.
C’est dans les années 1950 qu’un ingénieur suédois passionné de marine, Anders Franzén, entreprend de localiser l’épave. Persuadé qu’elle a survécu, il sonde les fonds du port à l’aide d’un simple carottier. En 1956, il ramène à la surface un morceau de bois noirci : c’est du chêne du XVIIe siècle. Le Vasa est retrouvé.
S’ensuit alors l’une des plus spectaculaires opérations de sauvetage archéologique de tous les temps. Entre 1957 et 1961, plus de 1 300 plongées sont nécessaires pour creuser des tunnels sous l’épave et passer des câbles en acier. Puis, par paliers, le navire est lentement hissé à la surface. Le 24 avril 1961, le Vasa émerge. Stockholm est en liesse. Le vaisseau est ensuite transporté en cale sèche, arrosé en permanence pour éviter que le bois ne se désintègre à l’air libre. Pendant des années, il est traité au polyéthylène glycol, une cire liquide qui remplace l’eau dans les fibres du bois.

Le musée Vasa, un sanctuaire pour l’histoire
En 1990, après des décennies de conservation et d’études, le Vasa trouve son écrin définitif. Un musée entier lui est consacré, construit sur l’île de Djurgården, au coeur de Stockholm. Le bâtiment a été conçu autour du navire, offrant une vue spectaculaire depuis plusieurs niveaux. On peut l’admirer de face, de flanc, depuis le dessus, ou s’approcher à hauteur des ponts pour contempler les détails des sculptures d’origine.
Mais le musée ne se contente pas de montrer un bateau : il raconte une époque. Outre l’épave elle-même, on peut y découvrir les objets retrouvés à bord (armes, vêtements, outils, pièces de monnaie, jeux, vaisselle), mais aussi des reconstitutions de visages des naufragés à partir de leurs squelettes, des maquettes du navire tel qu’il aurait été peint à l’origine, des films, des simulations interactives. C’est une immersion complète dans le XVIIe siècle scandinave.
Un espace de restauration permet de prolonger la visite, tout comme la boutique du musée, riche en ouvrages spécialisés, souvenirs, jeux éducatifs et objets artisanaux.

Préparer votre visite au musée Vasa
Le musée Vasa se situe au 14, Galärvarvsvägen, sur l’île de Djurgården, à Stockholm. Il est ouvert tous les jours, généralement de 10h à 17h, et jusqu’à 20h le mercredi (horaires à vérifier selon la saison). Le tarif d’entrée est d’environ 190 couronnes suédoises pour les adultes, avec des réductions possibles et la gratuité pour les enfants et adolescents de moins de 18 ans.
Pour planifier votre visite, vous pouvez consulter le site officiel du musée : www.vasamuseet.se. Des visites guidées, en plusieurs langues, sont proposées quotidiennement. Le musée est accessible aux personnes à mobilité réduite.


Le Vasa, c’est bien plus qu’un navire. C’est un témoignage unique d’une époque où les ambitions politiques dictaient les lois de l’ingénierie. Une oeuvre d’art monumentale, conservée comme par miracle, qui continue aujourd’hui de fasciner des millions de visiteurs du monde entier. S’il est vrai que le Vasa n’a jamais connu la bataille, son histoire, elle, aura traversé les siècles sans jamais sombrer dans l’oubli.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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