
Si l’Atlantique et le Pacifique donnent parfois l’impression de ne pas fusionner, c’est parce que plusieurs facteurs entrent en jeu :
1. La salinité : L’eau de mer contient du sel, mais en quantité variable selon les régions. Une eau plus salée est plus dense et plus lourde qu’une eau moins salée, ce qui ralentit leur mélange.2. La température : L’eau chaude est plus légère que l’eau froide. Une eau plus chaude restera donc en surface, tandis qu’une eau froide aura tendance à s’enfoncer, formant des couches distinctes.3. Les courants océaniques : Les océans sont parcourus par d’immenses courants qui transportent des masses d’eau aux caractéristiques très différentes. Le Courant du Gulf Stream, par exemple, pousse des eaux chaudes et salées de l’Atlantique vers le nord, tandis que le Courant de Humboldt, au large de l’Amérique du Sud, transporte des eaux froides et pauvres en sel vers l’équateur. Quand ces courants se rencontrent, ils ne se mélangent pas immédiatement, créant cette impression de séparation.Pourquoi ce mélange prend-il du temps ?
Prenons un exemple concret et simple : si vous versez lentement de l’eau douce sur de l’eau salée dans un récipient transparent, vous observerez que les deux liquides ne se mélangent pas immédiatement. L’eau douce, moins dense, reste en surface, tandis que l’eau salée reste en dessous.
Ce principe est exactement le même dans l’océan. Lorsqu’une masse d’eau douce, issue de la fonte des glaciers ou des fleuves, rencontre une eau plus salée, la différence de densité empêche un mélange instantané. Il faudra du temps, de l’agitation (provoquée par les vagues, le vent et les courants) et un brassage progressif pour homogénéiser les eaux.
Dans certaines zones où le mouvement est limité, comme à l’embouchure de l’Amazone, où des millions de litres d’eau douce se jettent chaque seconde dans l’Atlantique, on observe une séparation bien marquée sur plusieurs kilomètres avant que les masses d’eau ne se fondent complètement.Une séparation visible, mais transitoire
Un des endroits où cette séparation est la plus visible est le passage de Drake, entre le Cap Horn et l’Antarctique. Ce détroit est une zone de rencontre entre les eaux froides du Courant circumpolaire antarctique et celles plus tempérées de l’Atlantique et du Pacifique.
Dans cette région, la différence de température et de salinité est particulièrement marquée, et les puissants courants ralentissent encore le mélange. Cela crée une zone de transition où l’on peut observer un changement net dans la couleur et l’état de la mer.
Si l’illusion d’une frontière persistante entre les océans est frappante, elle n’est que temporaire. Avec le temps, l’effet des vents, des courants et des marées finit par homogénéiser les masses d’eau. Ce processus peut prendre plusieurs jours, voire des semaines ou des mois, selon les conditions locales.
Les océans ne sont donc pas réellement séparés par une barrière physique, mais par des différences de densité et de composition qui ralentissent leur mélange. Ce phénomène, bien que spectaculaire, est une simple conséquence des lois de la physique et de la dynamique des fluides.