Le canal de Corinthe : pour contourner le Péloponnèse, en Grèce

Par Figaronautisme.com

Le canal de Corinthe est une voie d’eau artificielle qui a été construite entre 1882 et 1893. Il permet de relier le golfe de Corinthe dans la mer Ionienne à l’ouest au golfe Saronique dans la mer Egée à l’Est. Ce canal fait du Péloponnèse une presqu’île de 300 km de long et 200 km de large en coupant par une voie de mer de 6 km cette péninsule du reste de la Grèce.

Un peu d’histoire... et d’évasion
L’idée de relier le golfe Saronique à celui de Corinthe remonte à l’Antiquité, plus précisément au VIIe siècle avant J.C. À cette époque, les Grecs utilisaient un ingénieux système de halage : les navires étaient posés sur des bers en bois et déplacés sur un chemin pavé, le Diolkos, dont les vestiges sont encore visibles aujourd’hui, à quelques mètres du canal actuel. Ce système, aussi archaïque qu’efficace, préfigurait déjà l’importance stratégique et commerciale de ce passage entre mer Égée et mer Ionienne.
Au fil des siècles, l’idée de creuser un canal a fait son chemin, mais sans jamais aboutir, freinée par l’ampleur colossale du chantier. Le premier projet structuré date de 1829, sous l’impulsion de Pierre Théodore Virlet d’Aoste, mais il fut abandonné, jugé trop coûteux. Ce n’est qu’en 1869 que le gouvernement grec relance officiellement le projet. Deux entrepreneurs français sont alors désignés, mais le projet reste à l’état de plan.
Il faut attendre 1882 pour que la Société internationale du canal de Corinthe, fondée par des capitaux français, donne enfin le coup d’envoi des travaux. Le chantier, initialement prévu sur quatre ans, s’étire jusqu’en 1893, ralenti par des faillites, des éboulements, et un coût final largement supérieur aux estimations. Le premier navire à franchir le canal en janvier 1894 est un vapeur français, le Notre Dame du Salut, long de 110 mètres pour 13 mètres de large - un symbole du lien franco-grec dans cette aventure technique hors norme.
Aujourd’hui encore, la traversée du canal est bien plus qu’un simple raccourci maritime : c’est un plongeon dans l’histoire, un passage presque sacré pour les passionnés de navigation côtière et les amoureux de la Grèce antique. De nombreux visiteurs viennent d’ailleurs en excursion depuis Athènes ou Loutraki pour admirer les parois vertigineuses de cette gorge artificielle, profondes de près de 80 mètres. Des croisières touristiques proposent même des traversées commentées.

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Pourquoi emprunter le canal de Corinthe ?
Long de 6343 mètres et large de 24,60 mètres, le canal permet aux bateaux de plaisance et aux navires commerciaux de moins de 8 mètres de tirant d’eau d’éviter le contournement fastidieux du Péloponnèse, soit plus de 200 milles nautiques - une économie précieuse de temps, de carburant et d’usure. Environ 11 000 navires l’empruntent chaque année, un chiffre qui témoigne de son utilité toujours actuelle, malgré les limitations techniques et son gabarit restreint.
Outre son usage maritime, le canal est aussi un point de passage terrestre incontournable. Deux ponts submersibles (Poseidonia à l’ouest et Isthmia à l’est) permettent la traversée des véhicules légers, tandis que le trafic principal passe par des ponts classiques, une autoroute moderne et deux lignes de chemin de fer. Pour les touristes, ces ponts offrent des points de vue saisissants sur le canal - une halte incontournable pour les amateurs de photographie et les passionnés de génie civil.


Modalités de passage : mode d’emploi pour plaisanciers
Naviguer dans le canal de Corinthe demande un minimum de préparation. D’abord, il est important de savoir qu’il s’agit d’un passage à sens unique, les bateaux ne peuvent pas se croiser. Les transits sont donc alternés selon le sens de circulation et planifiés par les autorités du canal.
En provenance de l’ouest, il est souvent nécessaire de patienter - parfois longuement - avant de pouvoir s'engager. Deux options : faire des ronds dans l’eau à proximité de l’entrée ou trouver une place au petit port de Corinthe. Ce dernier, bien que pratique, est saturé en haute saison. Le port commercial, quant à lui, reste fermé à la plaisance.
Le matin, il est conseillé de prendre contact via VHF canal 11 avec l’autorité du canal. Vous devrez fournir les caractéristiques de votre bateau : nom, longueur, tirant d’eau, etc. Une heure approximative de passage vous sera ensuite donnée. À l’approche du pont submersible de Poseidonia, il faudra vous positionner sans gêner les autres navires en attente. Lorsqu’on vous autorise à entrer, gardez une vitesse constante (environ 6 noeuds) en suivant le bateau qui vous précède.
À la sortie côté mer Égée, un long quai vous attend pour effectuer le paiement. Comptez environ 180 euros pour un voilier de 12 mètres - un tarif indicatif qui varie selon la saison, le jour (plus cher le dimanche), voire l’humeur des autorités locales. Il est à noter que le règlement ne se fait que du côté est, ce qui implique un arrêt obligatoire dans ce sens. La procédure est la même si vous venez de la mer Égée vers la mer Ionienne, avec un arrêt préalable pour le paiement avant le passage.

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Et après ?
Une fois le canal franchi, un éventail de possibilités s’offre à vous. Cap vers Athènes, pour explorer le port du Pirée ou l’ancrage plus intimiste de Zea Marina. Mais on peut aussi faire escale à Égine, Poros ou Methana, pour une navigation paisible au coeur du golfe Saronique, riche en mouillages charmants et en escales gourmandes. Les amateurs de tourisme culturel apprécieront aussi le site archéologique d’Isthmia, situé à deux pas de l’entrée du canal, ou encore le sanctuaire de Poséidon à Akrocorinthe.
Traverser le canal de Corinthe, c’est conjuguer performance nautique, histoire millénaire et aventure touristique. Un passage symbolique, entre deux mondes, entre deux mers - à ne pas manquer si vous naviguez en Grèce.

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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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