
Un arc en ciel de couleur
En général, on observe du rouge, du rose et du pourpre dans les zones dominées par les algues, du jaune et de l’ocre avec les éponges, certaines gorgones ou bien encore des ascidies. Le coralligène peut présenter des variations de blanc avec les bryozoaires ou hélas quand il présente des colonies d’organismes morts. Il est violet à rouge foncé avec les gorgones qui font sa réputation. Il est vert ou brun avec ses algues et parfois tout bleuâtre quand la lumière se fait rare.
L’ensemble donne un paysage très coloré et complexe, typique des zones ombragées et peu éclairées entre 20 et 100 mètres de profondeur. Sa beauté n’a rien à envier aux récifs coralliens des tropiques. Les récifs coralligènes couvrent sur notre littoral une petite surface cumulée de 5 178 hectares. Ce chiffre est bien moins important que nos herbiers de Posidonie (80 000 hectares). Sa croissance est très lente de quelques minimètres par an.
Le préféré des plongeurs
Tout cet assemblage de couleur et de forme attire. Cela d’autant plus que le coralligène est un habitat pour de nombreuses espèces de poissons et de crustacés, des langoustes aux mérous en passant par le corail rouge et les gorgones. Le nombre d’espèces présentent sur le coralligène est estimé à 1800. Cela représente 15 à 20% des espèces connues de la Méditerranée. Certaines études évoquent une densité moyenne de 300 espèces différentes par mètre carré de coralligène. Cette vie florissante en fait un hot spot de la pratique de la plongée sous-marine.

Sous pression
De par cette beauté et de cette richesse écologique, le coralligène est sous la pression des activités maritimes. La pêche professionnelle et la pêche amateur comme les filets impactent le milieu naturel. À ce jour, on trouve des engins de pêche abandonnés sur plus de 50% des zones à coralligène. L’ancrage des navires, même s’il est d’une ampleur bien moindre que pour les posidonies altèrent certains sites en détruisant notamment les peuplements de gorgones rouges. La plongée sous-marine est souvent citée comme une source d’altération du coralligène. Les études réalisées sur le sujet ont conclu à un impact nul ou négligeable sur l’habitat, au-delà du dérangement des espèces qui semblent parfois surévalué. La menace la plus importante sur cet habitat est représentée par les effets du changement climatique. Les canicules marines provoquent une mortalité parfois massive et localisée des gorgones, au grand désespoir des plongeurs sous-marin qui passe d’un paysage de forêt marine luxuriante à un paysage de désolation. Heureusement, la résilience du milieu marin permet de garder un certain espoir comme le montrent les reprises et les repousses observées depuis la dernière canicule de l’été 2023.
L’espoir de la restauration
À l’image des herbiers de Posidonie, des travaux s’engagent pour définir des solutions de restauration du coralligène. S’il est important de rappeler que l’ambition première que nous devons tous avoir est de ne pas abîmer et de ne pas détruire les habitats marins, on ne peut que se féliciter d’ambitionner de pouvoir disposer demain de solutions techniques pour retrouver des fonctions écologiques perdues ou bien encore de retrouver localement certaines espèces disparues. Le chemin est long, mais les premiers travaux comme les expériences RESCOR et OP Coral engagées sur le site de Villefranche montrent des résultats très encourageants.
Des merveilles encore et toujours
On ne peut pas parler du coralligène sans évoquer la dernière expédition GOMBESSA sur les anneaux du cap Corse. À une centaine de mètres de profondeur ces anneaux dont la localisation géographique n’est pas très éloignée de la côte, nous démontre une nouvelle fois les limites de notre connaissance et de notre compréhension du fonctionnement de la Méditerranée. Ces structures atypiques abritent une vie marine exceptionnelle dont certaines espèces sont illustrées, voire décrites pour la première fois. Cela nous donne un espoir supplémentaire pour nous dire que la Méditerranée nous réserve encore de bien belles découvertes et pour nous encourager d’autant plus à oeuvrer pour sa protection.

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