
Une flotte resserrée, 30 courses à plein régime
Depuis le 27 juin, les équipages n’ont pas eu une seconde de répit. Enchaînant sans relâche les parcours construits, les côtiers et les étapes de ralliement menées sous spi, ils ont offert un spectacle dense et serré, avec une flotte compacte livrant un match race presque permanent. Des semaines de régate intenses, pleines de rebondissements, mais surtout d’enseignements. Trente manches au total, autant de souvenirs et d’expériences précieuses, gravées dans la mémoire des marins.
Jusqu’au dernier jour, le programme est resté dense. Aurélien Barthélémy, skipper de La Réunion, était présent à chaque départ. Éreinté, certes, mais toujours aussi combatif. « Nous allons nous faire plaisir et essayer de gagner les manches, expliquait-il. Nous ne maîtrisons pas le classement des autres, seulement le nôtre. » Le suspense est resté entier jusqu’au bout, illustrant à quel point cette édition fut relevée et homogène. Pour certains, l’histoire se joue depuis l’édition de la Renaissance en 2023, et la fidélité des équipages en dit long sur l’attachement à cette course.
Un podium sous tension : Dunkerque dans le viseur
Au matin de l’ultime journée, les écarts restaient minimes. Paprec by Normandy Inshore Program menait avec 11 points d’avance sur Dunkerque-Kiloutou, talonné de près par La Réunion à seulement 6 points. Une position de chasseur-chassé délicate pour les Nordistes. « Nous avons aimé chasser sur les dernières étapes », confiait Antoine Bresson. « Du côté de La Réunion, ils vont assez vite sur les inshores, il faudra mixer entre le contrôle et l’attaque. »
Cette gestion fine a été rendue encore plus complexe par l’instabilité du vent, qui n’a permis de courir que trois des cinq manches prévues ce samedi. Malgré cette météo peu coopérative, les équipages ont dû tout donner, dans une ambiance électrique.
Paul Cousin, barreur du bateau normand, abordait ce final avec une sérénité mesurée : « Il n’y a pas de raison que ça se passe mal. Les calculs sont assez simples : nous n’avons qu’à réussir une ou deux manches dans la journée. Cela fait descendre la pression. Nous savons que nous avons le droit à l’erreur. »
Sur l’eau, les Normands assurent l’essentiel avec deux cinquièmes places et une troisième, de quoi conserver leur avance au classement général et s’emparer du trophée. Alexandre Boite savoure : « Nous sommes très contents d’avoir remporté ce Tour Voile et de prendre une revanche sur l’an passé, où les choses avaient été plus compliquées. Nous étions venus avec un équipage mêlant expérience et jeunes en formation. Nous avons su allier les deux pour aller chercher ce Tour. Nous avons été réguliers tout au long du Tour et, comme chaque manche comptait, c’était important. C’est un bilan ultra positif. »

Une aventure collective, sportive et humaine
De Larmor-Plage à Port-la-Forêt, en passant par Royan et Pornichet, les escales ont rythmé cette grande boucle atlantique. Une aventure itinérante où la régate se mêle à la vie de groupe. L’esprit du Tour Voile, c’est aussi ça : de la compétition, certes, mais aussi une immersion dans la culture de la course au large, faite de transmission, de solidarité et de passion.
Yann Chateau, directeur de course, le résume avec émotion : « Cette première expérience en tant que Directeur de Course du Tour Voile 2025 m’a remémoré mes premières expériences en tant que coureur, sur cette même course, en Mumm 30. J’ai essayé de proposer aux coureurs un format avec des courses variées, car la polyvalence et l’adaptabilité sont des vecteurs de la performance, et de la formation. Le niveau de jeu était vraiment intéressant et les courses assez denses et passionnantes à suivre. Je ne peux que les remercier de leur implication, de leur gentillesse, et les féliciter pour leur progression tout au long de ces 15 jours. »

Un bilan très positif pour les organisateurs
Du côté de l’organisation, le cap est clair : continuer à faire du Tour Voile un creuset de la course au large. Emmanuel Bachellerie et Mathieu Sarrot, organisateurs, soulignent : « Nous regardons le Tour Voile comme une pouponnière de la course au large où les mots "transmission", "détection" et "mixité" trouvent une résonnance toute particulière. Nous sommes très heureux, voire fiers, de porter, aux côtés de la Fédération Française de Voile et de la Classe Figaro Beneteau, cette épreuve bientôt cinquantenaire. »
Et d’ajouter : « Nous avions l’ambition de mettre le sport au cœur de l’événement ; aux dires des marins, il nous semble que le pari de ces trois premières années de "Renaissance" commence à être gagné. Yann Chateau nous y a substantiellement aidés, avec 30 courses organisées cette année. Qu’il soit, pour ça et pour tout le reste, profondément remercié. Un premier cycle de la Renaissance s’achève, nous nous projetons dès à présent jusqu’en 2029 pour que l’épreuve atteigne tous les objectifs que nous nous sommes fixés avec la FFVoile et la Classe Figaro Beneteau. »
2026 déjà dans les esprits
La compétition referme ses voiles, mais les ambitions restent vives. Arthur Meurisse, skipper de Dunkerque-Kiloutou, lance le défi avec humour : « 2023, nous finissons deuxièmes, en 2024 premiers, en 2025, deuxièmes... Ce qui veut dire qu’en 2026, nous serons premiers. »
Le rendez-vous est pris. L’édition 2025 s’achève sur un grand cru, et la suite promet d’être tout aussi palpitante. À peine la ligne d’arrivée franchie, c’est déjà l’histoire d’une revanche à écrire.