
Ils sont désormais confrontés à des conditions très instables et à de nombreux orages, ce qui impose une sacrée débauche d’efforts à bord. Si Holcim-PRB (5e) a été fortement distancé, seulement une dizaine de milles sépare le quatuor de tête, légèrement mené par Team Malizia.
Ils avaient presque fini par oublier que la Méditerranée pouvait aussi avoir ce visage, aussi imprévisible que éprouvant. Après 48 heures dans des petits airs puis un long bord rapide vers la Sardaigne, les skippers ont retrouvé l’instabilité qui caractérise tant cette mer si particulière. Corentin Horeau (Paprec Arkéa) évoque en effet « une journée bizarre » quand il revient sur les péripéties de ce lundi. « On a eu pas mal d’orages, le vent est parfois passé de 20 à 40 nœuds subitement, on a eu des départs au tas, il faisait de la droite puis de la gauche dans l’angle... »
Holcim-PRB décramponné du groupe de tête.
Il a donc fallu s’accrocher tant les cellules orageuses ont semblé poursuivre le groupe de tête dans la soirée puis dans la nuit. Dans de telles conditions, « difficile de bien faire avancer le bateau », souffle Corentin. C’est pourtant ce à quoi tous les concurrents se sont attelés et leur progression démontre qu’en la matière, ils ne manquent pas de talents.
Hier, tous ont passé la « Scoring Gate » à l’issue d’un sacré match dans le match entre Paprec Arkéa et Allagrande Mapei Racing, séparés par moins d’une minute lors de son franchissement. Puis, ils ont continué à progresser dans le sud et dépassé les Baléares.
Les écarts ont continué à se creuser : si Team AMAALA (7e) et Canada Ocean Racing - Be Water Positif (6e) ont été distancés de façon conséquente, Holcim-PRB (5e) n’est pas non plus parvenu à recoller avec les quatre bateaux de tête. Ce matin, le bateau mené par Rosalin Kuiper accuse désormais 140 milles de retard sur les leaders !
Deux options puis un regroupement en tête
Au sein du groupe de tête, on a pu constater qu’ils suivaient deux stratégies distinctes en fin d’après-midi. D’un côté, Paprec Arkéa et Allagrande Mapei Racing, qui imposent le rythme, ont décidé de continuer de filer vers le sud. De l’autre, leurs deux poursuivants, Team Malizia et Biotherm qui ont opté pour une route plus est. « On a simplement essayé de faire une route plus sud dans l’espoir d’avoir un peu plus de vent », confie Corentin Horeau. Quoi qu’il en soit, tous avançaient dans la soirée à plus de 20 nœuds de moyenne. Certaines équipes à terre nous ont d’ailleurs fait savoir que les conditions étaient particulièrement rudes à bord.
Les quatre premiers se sont néanmoins retrouvés en pleine nuit sous la Sardaigne avec un léger avantage sur le duo Team Malizia - Biotherm. Ce jeudi matin à 7 heures, c’est d’ailleurs le bateau de Boris Herrmann qui avait les commandes au classement. Mais les écarts sont infimes : les quatre premiers se tiennent en une dizaine de milles ! La bataille n’a donc pas perdu en intensité et ça ne risque pas de s’arrêter dans les prochaines heures. « On va continuer à avoir des orages et une situation très incertaine au moins jusqu’à ce soir voire jeudi matin », assure Corentin Horeau. À bord, le mot d’ordre est clair : tenir, résister et ne rien lâcher !
Biotherm en approche de Ustica
« C’est vraiment très imprévisible en ce moment.» confie Amélie Grassi. « Au final, on a fait pas mal de portant dans la brise et on a eu beaucoup de vent, jusqu’à 35 nœuds. On aurait bien voulu remporter la « Scoring Gate » mais celle-là était au large, plusieurs jours après le départ et elle se coupait au portant dans du vent fort.
Ce n’était pas forcément notre point fort, on a vite compris que ce n’était pas simple d’y être en tête mais il fallait bien qu’on partage un peu les « scoring gate » avec nos copains ! Ensuite, face à l’incertitude de la météo, on a décidé de ne pas trop rallonger notre route vers le prochain way point. Là nous nous rapprochons d’Ustica au portant.
On a l’impression qu’il va y avoir une transition de vent, les fichiers météo s’alignent un peu plus sur ce que l’on vit. La suite ? C’est dur à dire ! Normalement, on va faire du portant et arriver sur la Sicile dans l’après-midi. Mais on a du mal à savoir si on va avoir de la pression ou pas ! »