
Le chantier Fora Marine s'est toujours démarqué de la production en grande série par ses réalisations en contre-plaqué époxy. Un choix technique qui autorise ces formes de coques élaborées, dite «à bouchains», optimisées pour la stabilité et la vitesse du voilier, mais qui permettent surtout de rigidifier et d'alléger considérablement le poids de la structure. Toutes les cloisons intérieures sont stratifiées à la coque pour former une ossature très rigide. Cela permet de se passer du traditionnel contre-moule qui alourdit considérablement le poids d'un voilier. Délicate à mettre en oeuvre techniquement, cette solution définit des unités qui se veulent rapides, sûres et très maniables par tous les temps.
L'allure racée et l'esthétique du RM 1260 sont proches de celles des unités de course au large: cette forme de coque caractéristique, très large, anguleuse, comme taillée à la serpe, lui confère une remarquable stabilité de route quelle que soit l'allure.
Au portant, la coque s'assoit sur le tiers arrière de la carène, dont la forme aplatie et très large favorise les longues glissades pour peu que la mer soit un peu formée, tandis qu'en remontant au vent, le 40 pieds se cale rapidement à la gîte sur l'un de ses bouchains, sans avoir à redouter un coup de roulis imprévu. Il donne alors l'impression d'être «sur des rails», allongeant imperceptiblement la foulée pour atteindre des vitesses remarquables.
Par 15 noeuds de vent, avec une moyenne de 7,5 noeuds au près et de 9,5 noeuds au travers bon plein (sans spinnaker), le RM 1260 mérite amplement son qualificatif de croiseur rapide. Des performances qui s'affichent au speedomètre sans que nous ayons à malmener le voilier. Confortablement installé au vent ou sous le vent, dans la partie arrière du cockpit qui lui est exclusivement réservée, le skipper a en main une barre douce et précise. Cette déconcertante facilité est, à n'en pas douter, liée aux drosses textiles (en lieu et place de câbles) qui asservissent le safran avec légèreté, mais aussi, et surtout, à l'équilibre du RM 1260, même surtoilé dans la brise.
Une puissance indiscutable, plaisante et rassurante, mais domptée grâce à un plan de voilure équilibré et qui s'exprime sans gîte excessive. Gréé en cotre, c'est-à-dire avec deux voiles d'avant - un beau génois de 50 m2 et une trinquette de 27,5 m2 -, l'équilibre sous voile est évident, servi en outre par un accastillage de qualité très bien implanté. Hormis l'écoute de grand-voile, qui revient près des postes de barre, toutes les manoeuvres - écoutes, drisses, ris automatique, hale-bas, etc. - reviennent au niveau de la descente sur quatre winchs. Assurément, l'endroit le plus sûr et le plus confortable du voilier pour oeuvrer à sa bonne marche.
Si les aménagements sont fidèles aux fondamentaux de la marque rochelaise - la vue sur l'avant, le local technique, la couchette de mer -, il fait preuve d'un soin nouveau apporté au design et aux volumes. Très largement éclairée par de nombreux panneaux de pont zénithaux et des hublots, la vue sur mer depuis la table à carte et la cuisine est imprenable.
En contrebas, dans le carré, la vue est conservée grâce à quatre hublots de coque placés à hauteur du regard. Mais c'est la magnifique cabine propriétaire qui fait basculer le RM 1260 dans un autre univers. Perché sur son podium, le lit double adopte des formes courbes éminemment esthétiques, donnant une note contemporaine à l'ensemble de la cabine. Ce design à un sens fonctionnel puisqu'il s'agit avant tout, lorsque le voilier est à la gîte, d'assurer le maintien et le confort du dormeur en épousant ses formes! Le RM 1260 semble réussir le juste compromis entre les impératifs de la vie en mer et ceux de la vie au port.