
Figaro Nautisme. - Dans quelles conditions naviguez-vous?
Mike Golding. - Actuellement, je suis dans une petite dépression d'Est qui vient d'arriver. La mer est plutôt raisonnable, le vent oscille entre 18 et 19 noeuds et le bateau atteint aussi ces vitesses-là, ce n'est pas extraordinaire. Le temps est gris, couvert mais pas trop froid puisque le vent vient du nord. J'ai de la chance de pouvoir gagner un peu de chaleur grâce à ça. L'âge de mon bateau m'handicape sûrement un peu parce que ceux de nouvelle génération semblent être optimisés spécialement pourla vitesse dans ce type de conditons.
Que pensez-vous des portes des glaces?
Je pense vraiment que le système de portes des glaces est une bonne chose mais mon point de vue pourrait changer. La priorité de la direction de course est d'assurer la sécurité des bateaux, notamment en ce qui concerne les glaces. Dans ce cas, ils n'ont pas d'autres choix que de nous en éloigner grâce aux informations qu'on a aujourd'hui. D'un autre côté, les portes ont empêché un certain nombre d'options tactiques, ce qui change la physionomie de la course.
Beaucoup de skippers pensent que l'océan Indien est la partie la plus difficile de la course. Est-ce aussi votre avis?
En effet, l'océan Indien est sans aucun doute l'une des zones les plus compliquées avec aussi l'Est des Îles Kerguelen. J'ai toujours pu le constater sur les tours du monde que j'ai fait. L'océan Indien est l'endroit où il y a le pire temps, les pires vagues et les pires conditions. Mais maintenant, nous arrivons dans le Pacifique et ça ne sera pas non plus une partie de plaisir. Pas d'accalmie, le passage du Cap Horn pourrait être fatal.
Vous avez déjà fait ce parcours dans les deux sens. Qu'est-ce qui peut encore vous surprendre?
La mer est toujours changeante et capricieuse, elle réserve sans cesse de nouvelles surprises et de nouveaux problèmes. Mais il n'y a pas que la mer, il y a aussi la technologie à bord qui est améliorée chaque jour et qui demande donc de s'adapter à son bateau à chaque nouvelle course. Les problèmes changent aussi de course en course. Dans l'océan, chaque nouvelle course que l'on fait, que ce soit une transat ou un tour du monde, apporte son lot de soucis. Quelques soient les conditions auxquelles vous avez été exposés, ça peut toujours être pire. Vous avez eu 70 noeuds de vent? Vous pourrez en avoir 100 noeuds!
Cela fait longtemps désormais qu'il n'y a plus d'accidents, pensez-vous que ça durera jusqu'à la fin de la course?
Je l'espère sincèrement. Les accidents avec les chalutiers sont assez inhabituels et mettent l'accent sur la dépendance que l'on doit avoir envers l'AIS et le radar. L'AIS est un outil très utile, mais tous les bateaux ne s'en servent pas, en particulier les petits bateaux de pêche. Bien sûr, c'est difficile d'être toujours attentif au radar parce qu'il y a d'autres choses à bord. Mais il faut le faire si l'on veut emmener le bateau au bout. C'est surtout dans l'Atlantique qu'il faut être vigilant, désormais, c'est plus calme.
A votre avis, Alex Thomson peut-il être le premier Anglais à gagner le Vendée Globe?
Oui, je pense vraiment qu'il le peut. Il est plutôt bien placé pour y arriver. Son bateau a clairement les capacités pour lui donner la victoire. Il gère plutôt bien sa course et navigue vraiment bien. J'aimerais être le premier Anglais à gagner le Vendée Globe, mais si ce n'est pas moi, j'adorerais que ce soit Alex.
Echangez-vous avec les autres skippers?
Pas du tout, je ne parle pas aux autres skippers. Je ne l'ai jamais fait et je ne le ferai jamais. Il est très difficile, quand vous passez un appel à un autre skipper, de ne pas révéler la moindre information sur le meilleur chemin à prendre. Donc le seul moyen de conserver ces informations pour soi, c'est tout simplement de se taire.
Noël approche, qu'allez-vous faire?
Je vais contacter ma famille plusieurs fois dans la journée, le plus possible, tout en maîtrisant ce qu'il se passe à bord. Il ne faut pas oublier que c'est quand même un jour de plus de course. Nous partons pour trois mois, c'est vrai que c'est dommage de rater Noël et le Nouvel An. Même si j'ai des cadeaux et de quoi fêter tout ça à bord, faire la fête sous-entend être avec d'autres personnes, je ne peux donc pas vraiment célébrer ces jours.