
Agé de 87 ans, Loïck Fougeron est mort cette semaine. Navigateur, aventurier, ce marin était l’un des derniers rescapés des tentatives héroïques de tour du monde à la voile.
Franchir le cap Horn était devenu son obsession. « Il reste le Horn, et pour lui seul, je repartirai. Je m’y présenterai sans parcourir d’abord cette longue route qui vous tue. Et cette fois, avec l’aide de Dieu, je réussirai », écrivait-il en conclusion de son livre « Si près du cap Horn ». Moins connu que Bernard Moitessier, Loïck Fougeron a lui aussi connu la navigation au sextant et les tours du monde par les trois caps qui duraient plus de dix mois. Né en Bretagne à Saint-Marc, il a ressenti très jeune l’appel de la mer. Combattant dans les Forces Françaises Libres, il s’installe au Maroc après la guerre, où il rencontre le capitaine James Brown, un vieux bourlingueur américain qui deviendra son père spirituel. Dans les années soixante, il décide d’armer un bateau et achète Maylis, un ketch de 19 mètres. Il rencontre Bernard Moitessier à Marseille. C’est le début d’une grande amitié.
Il participe à l’ancêtre du Vendée
Ensemble, les deux hommes s’inscrivent sur le premier tour du monde en solitaire sans escale par les trois caps, organisée par Le Sunday Times. L’abandon de Moitessier qui, en tête de la course, décida de poursuivre autrement l’aventure eut un énorme retentissement. A bord de son bateau Captain Brown, du nom de son mentor, Loïck Fougeron est très durement malmené par une tempête aux environs de Tristan da Cunha et doit abandonner. Deux ans plus tard, il repart en tour du monde, avec une équipière, et doit faire demi-tour à peine quelques milles avant le Horn. La troisième tentative sera la bonne. Il double le cap « Dur » le 13 février 1976 et écrit « Une fois le cap dans le sillage, j’ai eu l’impression de vide. C’était le but de ma vie. » Discret, se partageant entre la terre et la mer, Loïck Fougeron a fait encore quelques apparitions au Salon Nautique dans les années 2000, en compagnie de sa grande amie, Nicole Van de Kerchove, la navigatrice elle aussi disparue.