
Vainqueur dans la catégorie « aurique » de la Calanques Classique qui s’est disputée le week-end dernier, Nan of Fife cache derrière son nom une belle histoire de famille.
Derrière Nan of Fife, côtre aurique de 22m80 dessiné et construit par William Fife Junior en 1896, se cache une véritable histoire de famille. « Je regardais les bateaux à vendre sur Internet en 1999 et l’un d’entre eux, dont je ne connaissais ni le nom ni l’histoire a retenu mon attention. J’ai décidé d’aller le voir par curiosité au Cap d’Agde, nous raconte Philippe Menhinic, propriétaire du bateau qui réside à Saint-Malo. Le bateau avait deux mâts, une barre à roue en aluminium, l’arrière était tronqué. Je me suis souvenu que mon père m’avait parlé d’un bateau qui portait ce nom. J’ai pris des photos avant de repartir en Bretagne ». Intrigué, Philippe Menhinic fouille dès son retour chez lui dans les albums de famille à son retour et tombe sur un vieil album de son grand-père britannique intitulé Nan. « Je n’en croyais mes yeux. Le bateau que je venais de voir dans le Sud de la France avait appartenu à mon grand-père de 1949 à 1952, nous confie-t-il. J’ai vendu ma maison et mon ketch et ai décidé de l’acheter. Pendant six mois, j’ai cherché l’historique du bateau. J’ai retrouvé des documents et les plans dans le Sud de l’Angleterre et dans un musée maritime en Ecosse ». Une fois les documents en mains, Philippe Menhinic peut reconstituer l’histoire du bateau familial, vendu par son grand-père à un belge. « Mon grand-père a convoyé le bateau à Ostende. Un des équipiers de l’époque qui vit à Saint-Malo m’a aidé à reconstituer le puzzle ».
Une fois le bateau acheté, il a fallu le restaurer. Une mission difficile d’un point de vue budgétaire, mais pas impossible. « J’ai décidé de louer le hangar d’un agriculteur à Saint-Coulomb, à côté de Saint Malo, poursuit Philippe Menhinic. J’ai ensuite acheté de vieilles machines à bois qu’on a retapé, et embauché un ébéniste, un charpentier de marine et un menuisier. On a mis 20 mois pour remettre le bateau dans son état d’origine en effaçant les traces du temps et les modifications apportées depuis sa construction. Aujourd’hui, il n’a plus qu’un mât ». Le chantier se termine juste à temps pour que le bateau participe à sa première régate, le Jubilé de l’America’s Cup à Cowes en 2001. Une échéance importante pour le propriétaire qui loue son bateau ou qui embarque des équipiers payants afin de participer aux frais de fonctionnement du bateau. Aujourd’hui, Nan of Fife a intégré le Pôle des voiliers de tradition de la Société Nautique de Marseille et participe à une partie du Panerai Classic Yachts Challenge et aux Voiles de Saint-Tropez, qu’il a gagné deux fois. « C’est un bateau rapide qui a participé aux Jeux Olympiques en 1900 où il a terminé 5e. C’était l’un des bateaux les plus performants de l’époque ». D’ailleurs, Nan of Fife s’est imposé dans sa catégorie sur la dernière édition de la Calanques Classique qui s’est courue le week-end dernier en Méditerranée.
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