
Avec l'arrivée d'un nouveau président, l'ancien secrétaire à la mer Xavier de la Gorce, l'association des sauveteurs en mer espère retrouver le calme. Les dernières semaines furent tumultueuses avec la démission du capitaine, trois mois seulement après sa prise de fonction.
Xavier de la Gorce nous reçoit dans son bureau, niché dans un immeuble discret au cœur de Paris. Après un président énergique et franc du collier, bien décidé à faire bouger les choses, Olivier Lajous, le conseil d’administration de la SNSM a choisi un ancien haut-fonctionnaire pondéré. « Les sujets soulevés par Olivier Lajous ne sont pas illégitimes, commente ce dernier. Mais la méthode était contestable. On ne fait pas de réforme de fond en été alors que les interlocuteurs au comité de direction ou au conseil d’administration ne sont pas réunis. L’été, c’est la saison des interventions sur le terrain. » Chaque année, les bénévoles assurent le sauvetage de 8.000 personnes. Pourtant, cet été 2013 s’est révélé très orageux en interne.
Un souci de méthode
Les tensions se sont cristallisées autour de la question du remorquage. Les bénévoles de la SNSM assurent un sauvetage gratuit, 24 heures / 24 heures (ils sont mobilisables en 15 minutes) mais ils peuvent demander un remboursement des frais d’essence et l’amortissement de la vedette en cas de remorquage matériel n’impliquant pas de vie humaine. Cela peut représenter jusque 30% du budget des stations. Le reste étant composé des donations et subventions publiques. Mais depuis quelques années, ce marché du remorquage attire les entrepreneurs privés. La SNSM a ainsi été poursuivie en justice à deux reprises. D’une part à Saint-Malo, avec des débats engagés à coups de VHF puis dans les couloirs des tribunaux – « mais cette affaire est derrière nous », commente le premier des bénévoles – et d’autre part sur le littoral méditerranéen, au Lavandou , où la situation s’envenime depuis vingt ans. L’entrepreneur a poursuivi la SNSM en justice pour distorsion de concurrence et travail dissimulé. De leur côté, les sauveteurs ont reproché au Cross d’être partial. Cette autorité gère le sauvetage en mer et attribue les missions de sauvetage, sachant que l’assisté peut choisir l’intervenant lorsqu’il n’y a pas de danger. Mais au cœur de l’été, des tracts anonymes ont bousculé cet ordre établi, demandant aux plaisanciers de passer au-dessus du Cross en contactant directement la SNSM. Devant cette situation délicate, Olivier LajouS a alors décidé de mettre son mandat dans la balance pour avancer sur la question du remorquage. A titre personnel, il s’est dit favorable à la gratuité du remorquage, à terme. Mais sa volonté de dialogue s’est heurtée à des prises de position virulentes aux quatre coins du littoral. « Il y avait une défiance qui après la prise de parole publique du président s’est transformée en perte de confiance. Il y a eu des incompréhensions », analyse Xavier de la Gorce. Le 10 septembre, Olivier Lajous remettait sa démission.
Ne pas éluder le problème
Xavier de la Gorce avance que son prédécesseur n’a « probablement pas pris la dimension de la culture SNSM et du monde associatif en général. » L’ancien secrétaire général à la mer rappelle les personnalités fortes et la tradition d’autonomie voire d’indépendance des stations. « Il n’a pas pris en compte le tempo de l’association, lâche-t-il. Il faut tirer les leçons de l’expérience car rien ne permettait de penser que cela se passerait comme ça. Maintenant, il ne faut plus que cela se reproduise. » Le nouveau président des sauveteurs en mer explique : « S’il y a des responsabilités à mettre en cause, nous le ferons… Tranquillement. » Avant de quitter le bureau parisien, nous feuilletons avec Xavier de La Gorce, les documents récemment établis sur la part des remorquages dans le budget des stations. « Il faut une expertise technique et financière sur le sujet », répète le responsable. Les régions défilent au fil des pages: une moyenne de 11,3% pour le Calvados et la Manche avec un maximum de 23,4% pour Barfleur, à la pointe du Cotentin. Un peu plus bas, Arcachon et ses bancs de sable à la géographie très changeante pointe à 30%. « Il faut comprendre les particularités de chaque station », commente Xavier de la Gorce. Le document doit maintenant être étudié par la juriste Françoise Odier, présidente de la commission de la prévention et de la résolution des conflits, pérennisée pour l’occasion.