
Dimanche, German Frers est monté sur le podium des Voiles de Saint Tropez en catégorie Epoque Marconi. Avec son côtre bermudien Sonny, il a bataillé ferme contre Sirius. Et entre deux bords, il est revenu pour nous sur son parcours d'architecte.
German Frers a commencé très jeune son apprentissage. Il était encore au lycée lorsqu’il a commencé à dessiner des plans de voiliers sous la direction de son père, l’un des pionniers de l’architecture navale argentine. « Je ne dirais pas que mon père m’a enseigné l’architecture navale mais comme il m’a beaucoup parlé – nous étions très proches - il m’a beaucoup transmis », commence German Frers en revenant sur son adolescence argentine. Puis, à 24 ans, le jeune architecte part pour New York. « J’allais me marier mais lorsque j’ai eu l’opportunité de rejoindre le cabinet d’amis de mon père, Sparkman & Stephens, je n’ai pas hésité car c’était un rêve. » La fiancée aurait-elle pu le suivre ? Il rit, pressé d’en finir avec cet épisode personnel : « Je n’y ai pas pensé ! » Aux Etats-Unis, il découvre la facette économique de son travail. « En Argentine, mon père travaillait essentiellement pour lui et ses amis, explique-t-il. Le carnet d’adresses du jeune homme n’est pas très fourni lorsqu’il arrive à New York mais il impose rapidement ses créations sur les plans d’eau et attire ainsi de nombreux clients. « J’ai eu la chance de faire de belles rencontres à cette époque mais j’ai aussi énormément travaillé. » Il apprend l’importance de soigner les relations humaines – « j’ai très vite été à l’aise de ce côté-là », sourit-il - et la nécessité d’incarner les rêves des propriétaires. Là, encore, il s’appuie sur ses résultats en cours. Mais il précise tout de même n’avoir pas souhaité faire d'aménagements intérieurs pour garder le pouvoir sur le projet. « Quand on parle de la structure extérieure du bateau, j’ai l’assise nécessaire pour m’imposer ! » Sur un projet, il ne néglige aucun détail et n’hésite pas à jeter un œil critique sur ces créations. Tous les angles de Sonny ne l’enchantent pas mais il se régale avec sa vitesse, comme la semaine dernière à Saint-Tropez.
En revanche, la vitesse à tout prix ne le motive pas. « J’aime la croisière; la vitesse ne fait pas tout », assure-t-il. L'architecte a suivi la dernière Coupe de l’America avec intérêt, fasciné par les prouesses technologiques, « mais ces bateaux volent plus qu’ils ne naviguent », regrette le designer du challenger Luna Rossa en 2000. German Frers ne veut pas dissocier qualités marines, vitesse et esthétisme, à l’image des Wally, bijoux de technologie et élégants voiliers.