
Les cartographies via Internet permettent de suivre au mille près l’évolution des compétiteurs des grandes transats. Mais une fois la ligne d’arrivée franchie, les bateaux disparaissent des écrans. Alors que deviennent-ils et comment rentrent-ils en France ?
Monocoques ou multicoques, de 6,50 m à 60 pieds : pour la plupart, le retour se fait par cargo. Et pour cause, pour tous, revenir par la mer signifie dégradation du jeu de voiles et usure du matériel. Reste que l’opération a un coût. Entre 17.000 et 35.000 euros par bateau. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, ces sommes ne sont toutefois pas toujours suffisamment motivantes pour les compagnies, comme l’explique Serge Viviand, gérant de la société Logistic Support, créée en 1998. « Avec nos bateaux de course, nous représentons un marché variant entre 600.000 et 1 million d’euros, ce qui est peu pour les armateurs. Dans tous les cas, ce n’est pas assez pour leur mettre la pression sur les dates. La preuve : aujourd’hui à Itajaí, à la suite de la Transat Jacques Vabre, le cargo est très en retard. C’est la troisième fois seulement en 15 ans de métier que je suis confronté à ce genre de situation, en conséquence, le chargement se fait pendant les fêtes. Un coup dur pour les équipes ».
D’autres solutions existent
« Le fait est que dans cette zone géographique, il n’y a pas tant de cargos capables d’embarquer près de 30 bateaux - dont six trimarans- et de les ramener en toute sécurité. Surtout que pour nos bateaux de course, nous affrétons des « conventionnels » c’est-à-dire des bâtiments sans ligne régulière. En clair : des vaisseaux que les armateurs envoient là où il y a du fret à charger. L’objectif pour moi est d’en trouver un qui soit dans la zone d’arrivée de la course et dans les dates. Le contrat, que je négocie en amont et qui lie le coureur et la compagnie engage le port de départ, le port d’arrivée et une date d’enlèvement dans une fenêtre de 15 jours » poursuit Serge Viviand, rappelant par ailleurs que lors des négociations, il est important d’avoir une vision à long terme. « Il faut penser aux courses futures et être arrangeant si on ne veut pas payer encore plus cher dans les années à venir. Ou alors organiser des arrivées dans des ports de commerce où il existe des lignes régulières de retour pour la France… ». Une autre solution – probablement la plus intéressante – est évidemment de rentrer en mode course. C’est d’ailleurs ce que la classe IMOCA parvient à mettre en place les années précédant le Vendée Globe. La régate permet alors de revenir de manière intelligente en termes d’entraînement, de qualification pour le tour du monde avec une exploitation médiatique de l’événement. Avis aux organisateurs donc…