
Parti mercredi de l'île toscane du Giglio où il s'était échoué il y a 30 mois, le Costa Concordia longe l'est de la Corse ce jeudi. Il frôle ce matin les eaux françaises à 20 miles des côtes, soit 37 kilomètres.
Le Costa Concordia, échoué pendant plus de deux ans et demi devant le Giglio, après son naufrage qui avait fait 32 morts, entreprend maintenant un dernier et périlleux voyage. Il est stabilisé par un dispositif inédit, remorqué, et encadré par un convoi de 8 bateaux pour prévenir toute pollution. L’épave est en mauvais état aussi des barrages anti-pétrole et des appareils à infra-rouge détectant toute trace d’hydrocarbure à la surface de l’eau ont été embarqués. Quelque 163 tonnes d'hydrocarbures et produits huileux restent dans l'épave, car situés dans des endroits inaccessibles. L'Italie a également prévu un avion, deux hélicoptères et un suivi satellitaire, les moyens aériens restant les plus efficaces pour repérer les fuites. Enfin, les navires accompagnateurs sont chargés de collecter d'éventuels débris flottants - valises, meubles, vêtements -, de contrôler la qualité des eaux et de parer toute collision avec des cétacés, nombreux en cette période de l'année en Méditerranée. Et pendant toute cette journée, alors que le paquebot va frôler les eaux françaises, un navire français de lutte anti-pollution, le Jason, complète le dispositif. La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal est à bord.
Une journée sous haute-surveillance
Le Costa Concordia, grand comme deux fois le Titanic, évolue ce matin dans les eaux internationales mais à quelques encablures des eaux françaises. Il évolue à deux nœuds, soit moins de 4 km/h, et devrait atteindre le large de Bastia à partir de minuit, voire vendredi matin en cas de ralentissement. Il passera alors entre la Corse et l'île d'Elbe, à 15 milles ou 28 kilomètres des plages françaises. Mais la préfecture maritime se montre sereine. « Le risque zéro n'existe pas, mais un incident grave serait une énorme surprise », souligne le porte-parole de la préfecture maritime, Yann Bizien. Les opérations de suivi côté français sont coordonnées depuis Toulon. Le porte-parole considère que ce dispositif vient « en redondance » à un dispositif italien qu’il juge « suffisamment adapté et robuste. » Côté météo, il existe un risque d’orages ce jeudi mais les phénomènes localement violents devraient être limités aux terres, sur les hauteurs. Le vent est faible et la mer est belle. Les voyants sont donc au vert pour les organisateurs.
Mobilisation populaire
Toutefois, en amont du convoi cet après-midi, une mobilisation populaire devrait manifester son désaccord et ses craintes. Une flottille citoyenne se réunira à partir de 15h30 à Bastia, en amont du convoi. Les organisateurs de cette action demandent à l’Etat italien des réponses claires, notamment sur le pompage préalable des matières polluantes ou dangereuses contenues dans l'épave. Au-delà, ils dénoncent le passage quotidien de "bateaux poubelles" dans le canal de Corse, dans une zone où se prépare un projet de parc national marin. "Nous ne pouvons accepter en l'état que l'épave géante passe devant nos côtes, et notamment dans le périmètre du futur parc national marin", avait lancé le maire de Bastia dimanche, en portant un appel à la "mobilisation populaire". Les bateaux ne pourront toutefois pas s’approcher à moins de 3 milles, soit 5.5 kilomètres, du Costa Concordia. Les patrouilles de la gendarmerie maritime veillent au respect de cette interdiction d’approche. Le convoi est attendu à Gênes pendant le week-end.
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