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En s’imposant sur la deuxième édition de la Transat Anglaise le 18 juin 1964, Éric Tabarly et Pen Duick II sont entrés dans l’histoire. Désormais propriété de l’École Nationale de Voile de Quiberon, le bateau navigue toujours.
Considéré comme l’un des plus illustres bateaux de plaisance français, Pen Duick II, l’ancien ketch d’Éric Tabarly est entré dans la légende en remportant la Transat Anglaise, il y a tout juste cinquante ans. Cette victoire a ouvert la voie à de nombreux marins qui se sont illustrés dans le sillage d’Éric Tabarly. « Avant la victoire d’Éric Tabarly en 1964, la course au large était trustée par les Anglais et les Américains. C’est ce qui a donné ce côté mythique à Pen Duick II qu’il avait construit pour la course, nous explique Jean-Pierre Couteleau, secrétaire général de l’Association Éric Tabarly. Cette victoire a eu un grand retentissement en France. Le Général de Gaulle avait demandé à ses collaborateurs de suivre la course de manière à pouvoir honorer Éric à son arrivée. Elle a également donné un gros coup de boost à la voile de plaisance qui a vu son chiffre d’affaires augmenter de 70 % l’année qui a suivi la victoire. Il a montré à tous qu’on pouvait faire de la voile sans être un yachtman à casquette à galon doré. Cela a permis de passer du yachting à la voile ». Fait chevalier de la légion d’honneur avant même d’avoir mis le pied à terre, Éric Tabarly avait vu juste en construisant un bateau léger. « Il voulait un bateau plus léger que ceux qui existaient. Il a donc opté pour un bateau en contreplaqué. Tout le monde pensait qu’il allait exploser à la première vague », poursuit-il. Contre toute attente, le bateau s’est avéré plus robuste qu’il n’y paraissait et a réussi à traverser l’Atlantique sans encombre.
Un vent de modernité
Pen Duick II, dont la silhouette est facilement reconnaissable, a révélé les compétences de navigation de Tabarly mais également ses compétences architecturales. Avec son bateau, il a bouleversé la construction en inventant une machine adaptée aux besoins d’une course spécifique. La coque est longue et légère, alors que la voilure, relativement petite pour être manœuvrée en solitaire, est divisée et étalée en longueur pour renforcer la stabilité de route. « Éric s’est servi de Pen Duick II comme d’un laboratoire, en testant plusieurs choses, avant de construire Pen Duick III », précise Jean-Paul Couteleau. C’est ainsi que Tabarly a décidé de doter le ketch noir d’un nouveau gréement en 1965. Devenu goélette en 1965, le bateau est ensuite transformé en wishbone en 1966 pour la course des Bermudes. À cette occasion, la coque du bateau a également été modifiée en étant amputée de l’arrière pour répondre le plus efficacement possible à la jauge du Cruising Club of America en vigueur aux USA. À noter que la coque dispose d’un double bouchain à la flottaison de manière à réduire la surface mouillée. Sur le pont, une coupole en plexiglas permet de surveiller les voiles de l’intérieur tout en utilisant la barre de secours.
Une reconversion réussie
Éric Tabarly a vendu Pen Duick II à l’École Nationale de Voile de Quiberon pour financer la construction de Pen Duick III. Après une courte utilisation et un mauvais échouement, le bateau est béquillé à sec à l’entrée de l’école. Ce n’est qu’en 1994 qu’il est entièrement restauré par le chantier Pichavant à Pont-l’Abbé, 30 ans après être entré dans l’histoire. « Le bateau n’a pas été très entretenu et a beaucoup souffert. À un moment, il a fallu faire un choix, le détruire ou le reconstruire. Jacques Thiolat, alors directeur de l’École Nationale de Voile a décidé de le reconstruire », poursuit Jean-Pierre Couteleau. Ainsi est née l’association « Restaurons le Pen Duick II ». Remis à l’eau en septembre 1995, le bateau est toujours la propriété de l’École Nationale de Voile et continue de naviguer avec deux grandes missions : former les jeunes au Brevet d’État, au métier d’éducateur sportif, mais aussi permettre au grand public de s’initier à la navigation dans le cadre de stages payants. « L’association Éric Tabarly participe à l’entretien du bateau avec le soutien de ses membres, du Groupe Banque Populaire, de partenaires techniques et de mécènes, précise Jean-Pierre Couteleau. Cette année, son programme est assez complet, entre les formations, les stages et les célébrations autour des 50 ans de la victoire d’Éric sur la Transat Anglaise ». Après Lorient, La Trinité, Port Médoc, Bordeaux et Rochefort, Pen Duick II est passé par La Rochelle pour une célébration de l'ensemble de la flotte d'Eric Tabarly.
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