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Innovation plusieurs fois primée par des concours internationaux, le Tiwal n’en finit plus de séduire. Ce dériveur gonflable, confiné dans deux sacs, se monte en 20 minutes tout en se comportant incroyablement bien en mer. Le Figaro Nautisme l’a testé dans son berceau, les eaux du Golfe du Morbihan.
« Hors de question que tu prennes le bateau toute seule ! », lança le père à sa fille il y a quelques années. « Très bien, je vais donc en construire un ! », a répondu avec panache Marion Excoffon, la jeune créatrice du Tiwal, diplômée de l’ENSCI (École Nationale Supérieure de Création Industrielle). Elle n’avait pas encore 30 ans lorsqu’elle se lança dans cet ambitieux projet. Mais si l’idée germa d’un coup de tête, encore fallait-il pouvoir l’assumer. Ce sera chose faite en août 2012 lorsque la société Tiwal a vu le jour, avec le soutien d’Emmanuel Bertrand, son compagnon, responsable de la section business et marketing. Ce dernier possède plus de 10 années d’expérience dans la production et le développement de produit à l’international. Dès lors, la petite start-up grimpe et peaufine l’idée de proposer un dériveur qui tient dans seulement deux sacs pour à peine 50 kg. Le secteur du nautisme en crise et en manque de dynamisme ne les effraie pas. Cependant si l’idée séduit, cela n’est pas suffisant pour convaincre les grosses entreprises du nautisme. Qu’à cela ne tienne, Emmanuel et Marion décident - plutôt que d’entrer en concurrence avec le marché existant - de créer un nouveau marché. Le dériveur gonflable est né. « Nous visons un marché de niche à l’international », confirme, lucide, Emmanuel Bertrand.
Au planning sur un gonflable
Seulement 20 minutes après avoir serré le frein à main de la voiture et sorti les deux sacs du coffre, le Tiwal n’attend plus que son barreur pour goûter la température de la mer. Même pour un premier montage, rien n’est compliqué. Tout s’imbrique à la perfection. La pompe électrique fournie nous permet même d’économiser notre énergie pour mieux l’utiliser sur les eaux du Golfe du Morbihan. Les arceaux métalliques (servant à accentuer le couple de rappel, NDLR) donnent une forme très dynamique au dériveur, tout comme le profil de la voile de 7 mètres carrés qui nous permettra d’avoir la puissance nécessaire pour s’amuser et passer les courants avec aisance. Le tout revêtu d’une simplicité enfantine, pas de fioritures. Le Tiwal se prend en main très facilement. Nous sommes même très agréablement surpris par sa vitesse et sa glisse. Même les vagues des bateaux transporteurs ne freinent pas l’avancée du petit dériveur gonflable qui attire la curiosité des navigateurs, habitués à davantage de conformisme. On se surprend même à faire planer les 50 kg d’innovation au large, calé dans les sangles de rappel, les fesses sur les arceaux, lorsqu’Éole souffle à plus de 20 nœuds. Une réussite.
La « Steve Job » de la voile
Avec plus de 40 fournisseurs, la production du Tiwal ressemble à celle d’un petit Airbus. Toutes les pièces sont sous-traitées. Organiser le circuit de production s’est donc avéré digne d’un casse-tête chinois. Si l’assemblage final s’effectue près de Vannes dans une pépinière d’entreprises, les pièces débarquent en provenance de la France entière pour 50 % d’entre elles, d’Europe pour 25 % et du reste du monde pour les 25 % restants. « En revanche, le soudeur est basé à Arzal car il a un rôle clé, chaque pièce devant s’imbriquer à la perfection. Nous avons choisi de garder ce pôle de compétence à proximité. Le degré de précision est au 10ème de millimètre pour que le produit soit parfait, comme les produits d’Apple ou de BMW », s’amuse le Breton d’adoption.
Et la société Tiwal ne possède pas qu’un seul trait de caractère commun avec la firme californienne puisqu’elle a été primée dans sa catégorie et récompensée lors des mêmes cérémonies que le géant américain : à Essen en Allemagne, où le prix du « Best of the best » lui a été remis lors des RedDot awards. Sony, Lenovo et BMW étaient également récompensés. Marion Excoffon, la « Steve Job » de la voile comme l’ont surnommée les médias américains, peut aussi se targuer d’avoir remporté le titre de la « meilleure innovation 2014 », décerné par le magazine Sailing World. Marion et Bertrand ont également été élus « entrepreneurs de l’année » par la BFM TV académie le mois dernier. Enfin, Jean-Pierre Pernaut a récemment ajouté à son journal télévisé le plus vu de France un reportage sur le Tiwal, confirmant l’intérêt et la curiosité croissante que suscite le dériveur gonflable.
De la Chine au Pérou en passant par l’Azerbaïdjan
Plus de 200 Tiwal ont été vendus dans le monde, dont 80 % à l’étranger dans des pays aussi inattendus que dépaysants. On navigue sur Tiwal principalement en Chine, Russie, États-Unis et Suisse mais on peut aussi en trouver en Égypte, au Pérou, en Tasmanie, en Nouvelle-Calédonie, en Azerbaïdjan ou encore en Guinée Équatoriale. En plus d’avoir en ligne de mire les marchés des clubs nautiques et des centres de vacances, les deux entrepreneurs bretons convoitent également celui du yachting de luxe. « Ces propriétaires aiment généralement proposer à leurs invités une gamme de jouets assez élargie où l’on retrouve des jet-skis, des hors-bords, des planches de wakeboard, de funboard, du matériel de plongée et pourquoi pas maintenant des Tiwal… », avoue Emmanuel Bertrand, les yeux rêveurs.
Le dériveur gonflable se décline en plusieurs modèles selon la grandeur de voile choisie (7 m2, 5,2 m2 et 4 m2). Proposé entre 5490 et 5930 €, le Tiwal reste dans un budget raisonnable.