
Récent vainqueur de la Corsica Classic dans la catégorie Époque Marconi, Dorade, aujourd’hui propriété du Californien Matt Brooks, a terminé la saison en beauté en participant pour la première fois aux Voiles de Saint-Tropez.
Dessinée fin 1929 par Olin Stephens pour le compte de son père, Roderick Stephens Sr., Dorade, yawl de 52 pieds construit au Minneford Yacht Yard, est mise à l’eau en mai 1930. Critiquée à ses débuts pour son design tranchant avec celui des traditionnels schooners américains, le premier yawl de course au large au gréement Marconi fait rapidement taire les critiques en brillant sur les toutes les régates auxquelles elle participe. Après avoir engrangé les victoires, dont une sur la Fastnet Race en 1931, Dorade est vendue à James Flood, un Californien qui participe à la Honolulu Race dès 1936 et enchaîne lui aussi les bons résultats. Cédé ensuite à un autre Californien en 1942, le bateau change de propriétaire après la Seconde Guerre Mondiale et quitte la Californie pour l’État de Washington, où elle passe successivement entre les mains de John Franklin puis de Michael Douglas, qui vit à bord de Dorade pendant 20 ans.
Une seconde vie en Méditerranée
Après avoir brillé outre Atlantique, Dorade est rachetée par un italien, Guiseppe Gazzoni, qui la fait restaurer entièrement au chantier naval dell’Argentario en 1997 avant de reprendre le chemin des régates. Depuis cinq ans, le bateau est la propriété de Matt Brooks. « J’ai eu plusieurs bateaux mais un jour, j’ai décidé d’acheter un bateau en bois. J’ai demandé à un ami de m’en trouver un, nous explique Matt Brooks. Vu le contexte économique, de nombreux bateaux étaient à vendre. Il m’en a proposé plusieurs, mais Dorade était le seul à remplir tous les critères. C’est un bateau magnifique qui a une belle histoire. Et puis il était en bon état ». Dès qu’ils voient le bateau, Matt Brooks et son épouse n’ont qu’une idée en tête : répéter l’histoire et gagner des courses. « C’est un bateau étroit mais rapide. Nous avons décidé de refaire toutes les courses auxquelles Dorade a participé à ses débuts. Nous avons fait la Newport to Bermuda et la Transpac. Nous ferons la Transatlantic Race et le Fastnet l’an prochain », poursuit-il. Restait à reconfigurer le bateau dans son état d’origine à quelques exceptions près, et le préparer pour la course au large et la régate. « Dorade est un bateau très performant, même si la victoire dépend aussi de l’équipage. À bord, tout le monde est polyvalent sauf le navigateur, avance Matt Brooks. Par contre, c’est à nous de nous adapter au bateau ». Au-delà de leur amour pour la régate, Matt Brooks et son épouse espèrent que d’autres armateurs suivront leur voie. « Nous avons sauvé Dorade mais en quelque sorte, elle nous a sauvés également. Nos enfants ont grandi et quitté la maison. Dorade est vraiment ce qu’il nous fallait, souligne la femme de Matt Brooks. Elle nous a emmenés à des endroits où nous ne serions jamais allés sans elle. C’est formidable. Nous encourageons tout le monde à faire la même chose ».
Un pur régatier
Après avoir participé à la Transpac Race l’an dernier et régaté à San Francisco, Dorade a connu une saison 2014 bien chargée. En effet, le bateau et son équipage ont participé à de nombreuses régates cette année, à commencer par la RORC Carribean 600, suivie par la BVI Spring Regatta, l’Antigua Classics et les Onion Patch Series. Après la NYYC Annual Regatta, la Newport to Bermuda Race et la Royal Bermuda Yacht-Club Anniversary Regatta, Dorade a traversé l’Atlantique pour participer à la Corsica Classic Regatta qu’elle a remporté. Après les Régates Royales de Cannes et la Coupe d’Automne du Yacht-Club de France (régate de liaison entre Cannes et Saint-Tropez), le bateau a régaté cette semaine aux Voiles de Saint-Tropez, pour la première fois de son histoire. Cet hiver, il sera basé à Newport, aux États-Unis.