
Après sept mois de campagne en Méditerranée, le retour de Tara dans son port d’attache de Lorient s’inscrivait dans le cadre de la Semaine européenne de réduction des déchets. L’occasion pour l'équipe de la goélette de faire un premier constat de son expédition et de sensibiliser la population locale à la pollution marine, particulièrement celle des matières plastiques.
Le 23 novembre, le voilier d’exploration Tara, accueilli par un millier de personnes en présence de la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, est arrivé à Lorient pour faire le bilan de son expédition en Méditerranée. Ce retour était aussi l’occasion, en partenariat avec Lorient Agglomération, de sensibiliser les habitants aux enjeux environnementaux liés à la pollution de l’eau dans le cadre de la Semaine européenne de réduction de déchets qui s’est déroulée du 22 au 29 novembre. Au programme, de nombreuses animations et expositions ont été proposées au public : opération de nettoyage des plages, réduction d’emballages dans les caddies, cours de cuisine avec des restes, … et l’exposition "Notre Planète Océan" par Tara Expéditions.
Méditerranée : la plus forte concentration de micro-plastiques au monde
L’expédition Tara Méditerranée, la dixième pour Tara depuis 2003, a fait escale dans 13 pays, parcourant 8 000 milles nautiques soit 15.000 km sur une durée de sept mois. Au terme de sa campagne, l’équipe scientifique a prélevé 2 300 échantillons au large, près des côtes, des embouchures de rivières et dans les ports afin d’étudier l’influence des micro-plastiques dans la mer. Premier constat : c’est la Méditerranée qui connaît la plus forte concentration au monde avec 250 milliards de micro-plastiques. Les résultats complets de cette étude seront annoncés au printemps prochain et permettront d’identifier la composition chimique du plastique présent en surface, son développement et son interaction avec le zooplancton, base de la chaîne alimentaire marine.
Problème réversible
Romain Troublé, secrétaire général de Tara expéditions, se dit surpris par ce premier constat qu’il qualifie d’édifiant : « Nous n’aurions jamais imaginé il y a 20 ans une telle pollution marine par le plastique. » À qui la faute ? « Nous en sommes tous responsables. Les habitants et les pouvoirs politiques commencent à réaliser l’enjeu environnemental que constitue cette pollution. La question majeure aujourd’hui est : que fait-on maintenant ? Car la situation n’est pas irréversible. Au contraire, en arrêtant de jeter nos déchets plastiques dans la mer, nous arriverions à éliminer progressivement ce fléau en 50 ans environ. En attendant, il faut éduquer les populations à tous les âges, équiper les collectivités d’infrastructures permettant l’assainissement des eaux et la gestion des déchets, appliquer des mesures environnementales telles que l’interdiction de sacs plastiques à usage unique, et innover dans des matériaux biodégradables et non polluants. Toutes ces mesures sont urgentes. Il s’agit de ne pas lâcher prise et d’échanger sans cesse avec les différents acteurs principaux (industriels, société civile, citoyens, scientifiques et politiques) pour endiguer cette pollution. »
Tara demain
C’est d’ailleurs l’objet de la prochaine conférence de Tara Expéditions qui aura lieu les 10 et 11 mars 2015 à Monaco, intitulée "Plastique en Méditerranée, au-delà du constat, quelles solutions ?" Le voilier d'exploration Tara sera également présent à Paris en novembre et décembre 2015, en tant qu’ambassadeur de l’Océan aux côtés du Pavillon Océan et Climat. Ce pavillon, sous l’égide de l’UNESCO/Commission océanographique intergouvernementale en collaboration avec des ONG, institutions scientifiques et universitaires, permettra d’apporter plus de visibilité aux enjeux liant l’océan et le climat avant et pendant la Conférence Climat de Paris en décembre 2015.
À partir de mars 2015, Tara se déplacera également dans plusieurs ports de France afin de sensibiliser le grand public à ces questions avant de repartir en 2016 pour une expédition sur l’étude du corail en Asie. En attendant, la goélette sera en chantier pendant trois mois sur le site de Keroman à Lorient.