
Le mal de mer, appelé aussi naupathie, est un phénomène qui touche une personne sur trois. Les marins professionnels n’en sont pas épargnés. Quels sont les conseils et les derniers traitements de prévention contre le mal de mer ?
Qu’est-ce que le mal de mer ?
Face au mal de mer, nous réagissons tous différemment. Certaines personnes ne sont jamais malades sur un bateau tandis que d’autres le restent toute leur vie. En général, le mal de mer survient en début de voyage, et s’estompe ou disparaît après une période d’adaptation plus ou moins longue (l’amarinage). C’est pourquoi les marins professionnels y sont peu sensibles, ils n’en sont pas pour autant épargnés. Le stress et la fatigue avant le départ d’une régate ou pendant une course au large sont des facteurs aggravants.
Les causes sont diverses, mais ce sont surtout les mouvements lents, lorsque le bateau est à l'arrêt par exemple, et la houle qui stimulent le mal de mer. Ce balancement provoque un conflit entre nos sens : la vue, l’oreille interne (le vestibule) et le toucher (repère de stabilité par rapport au sol). Les informations sur la position de notre corps transmises au cerveau sont perturbées, et celui-ci ne parvient plus à maintenir l’équilibre entre nos sens. De ce dysfonctionnement, apparaissent plusieurs symptômes plus ou moins intenses selon les individus : nausées, sueurs, vertiges, vomissements, pâleur, malaises, dépression, tensions musculaires, spasmes gastriques, léthargie…
Les médicaments et traitements alternatifs
Pour éviter le mal de mer, il existe une variété de traitements comme la prise de médicaments ou de patchs anti-nauséeux. Mais ils sont souvent accompagnés d’effets secondaires : somnolence, troubles de la vision, allergie… L’homéopathie ou l’acupuncture peuvent aussi s’avérer efficaces chez certaines personnes. Les bracelets anti-mal de mer, par exemple, agissent par pression sur des points de circulation et d’acupuncture bien précis. D’autres astuces font également effet comme mâchouiller du gingembre ou manger des bananes qui alourdissent l’estomac et calment les aigreurs.
Les équipements anti-mal de mer
Ces dernières années, d’autres traitements sont apparus sur le marché, comme les Boarding Ring, une paire de lunettes anti-mal de mer créée en 2011 par Hubert Jeannin, un professionnel de l’optique. Ces lunettes, équipées d’anneaux autour des yeux et sur les branches, sont remplies d’un liquide bleu. Elles permettent de stabiliser la vue et donc le mouvement du bateau, car le liquide sur le pourtour reste toujours à l’horizontal quel que soit le déplacement effectué. Si l’efficacité est garantie à condition de ne prendre aucun médicament, l’aspect esthétique de ces lunettes peut décourager certaines personnes. Heureusement que 12 petites minutes suffisent à éradiquer le mal. Autre équipement récent anti-mal de mer, un sous-vêtement gainant qui a la particularité de réchauffer les muscles du corps. Pour les créateurs de cette méthode (wearismyboat.com), le maintien corporel passe par le maintien musculaire. Les muscles ainsi réchauffés apportent de la stabilité au corps. Sur les tests effectués, la méthode serait efficace sur 80 % des personnes sujettes au mal de mer.
La rééducation optocinétique
Si aucune de ces méthodes ne fonctionne et que le mal est chronique, un traitement par stimulations visuelles donne de très bons résultats. C’est la rééducation optocinétique. Le patient est installé au milieu d’une pièce obscure, debout et pieds joints face à un mur sans repères. Il est ensuite soumis à des stimulations lumineuses de façon intermittente comme un stroboscope. Ces projections de lumière déclenchent une illusion de mouvement et créent artificiellement un conflit sensoriel similaire à celui provoqué par le mal de mer. Au bout de plusieurs séances, l’organisme s’habitue au mouvement. Quand le patient se retrouve en milieu marin, il fait face au mal de mer grâce aux automatismes acquis pendant la rééducation. Une étude a permis de prouver que 80 % des sujets rééduqués ont pu reprendre la navigation. Autrefois réservée à la marine nationale, cette méthode est aujourd’hui ouverte à tous.
Facteurs aggravants
S’il est difficile d’élaborer une méthode scientifiquement totalement efficace, c’est que le mal de mer est un phénomène complexe et que l’efficacité des traitements varie d’une personne à l’autre. Dans tous les cas, quelques précautions à prendre avant d’embarquer à bord atténueront les effets. En évitant la Faim, le Froid, la Fatigue et la Frousse (soit en appliquant la règle des 4 F), on diminue les risques d’apparition. Aussi, il est préférable de s’installer à l’extérieur, au centre du bateau et de regarder l’horizon ou la terre ferme, dans le sens de la navigation. On garde la tête droite ou immobile car les mouvements de tête accentuent les symptômes. On évite la lecture, même le téléphone portable, l’alcool (on privilégie l’eau), l’excès de chaleur et toute odeur désagréable (essence, tabac…). Si les premiers troubles apparaissent, on peut s’allonger les yeux fermés en pensant à une chose agréable. Si rien n’y fait, on regagne la terre ferme au plus vite dans la mesure du possible.