
Avec des largeurs impressionnantes, des tableaux arrière presque au bau maximum du bateau, des redans lançant des bordés presque verticaux, les carènes modernes ont gagné en puissance autant qu’en surface mouillée, mais surtout en volume intérieur. Comment aménager tout cet espace disponible pour un programme de grande croisière ? Architectes navals et designers d’intérieurs ont plusieurs réponses à leur table à dessin.

Priorité aux propriétaires

Le JPK 39 FC, pour Fast Cruiser, en offre plutôt moins à l’intérieur. Normal, sa priorité à lui c’est la performance. Avec seulement 5.5 t sur la balance et 82m² de voilure au près, son ratio mètre carré de voilure par tonne à déplacer est deux fois supérieur à celui de l’Ovni. Non, pour voir vraiment plus grand, il y a les deux frères ennemis, Boréal et Garcia. Toujours sur le même ponton le premier nommé présentait le Boréal 47.2 qui arbore le fameux dog-house emblématique de la marque. L’intérieur commence donc ici à l’extérieur, avec ce poste de veille à la vision panoramique si séduisante. Si cabine arrière, carré et cuisine ne paraissent pas immenses comparés à l’Ovni, la cabine avant se fait plus statutaire avec son island-bed. Un vrai poêle trouve place en avant de la cuisine pour les navigations les plus septentrionales, et une véritable soute à voile augmente considérablement la capacité d’emport. Pas très loin, le Garcia Exploration 45 développe derrière une impressionnante porte étanche, une autre géométrie de l’espace : la table à carte / poste de veille s’avance au pied du mât, quand cabine avant et cabine arrière disposent chacun de leur propre salle d’eau. Point commun des trois dériveurs intégraux : des cuisines en long, et donc un carré déporté intégrant le puit de dérive. Ainsi qu’un local technique qui permet d’accueillir tout le matériel nécessaire à un long voyage : sécurité, rechange, loisirs…
50 pieds et plus : le grand luxe…
Mais pour vraiment lier l’ivresse du grand voyage à un confort d’hôtellerie de luxe, c’est à partir de 50 pieds qu’il vous faut chercher. Ils étaient trois sur ce Grand pavois à rivaliser de charme et d’espace. Local de l’étape et référence de la catégorie, l’Amel 50 est bien sûr un incontournable. Deux nouveautés viennent cette année conforter l’idée qu’autour de 15 mètres se trouve possiblement l’idéal des bateaux de grand voyage : l’Allures 51.9 et l’Hallberg Rassy 50. Sur ces trois unités l’irréprochable tutoie le bon sens marin. À leur bord, les plans d’aménagements semblent converger. L’unanimité se fait autour d’une grande cabine propriétaire arrière, occupant toute la largeur, avec sa salle d’eau ‘en-suite’ comme on dit outre-manche. La cuisine en coursive reculée, libèrent de l’espace au centre pour de véritables bureaux / tables à cartes. Quant au carré situé au maître-bau il se dédouble entre espaces salon et repas. La troisième cabine peut faire office de dressing ou de rangement, surtout quand elle est aménagée en deux couchettes simples superposées. Malgré leurs ressemblances, ces trois-là savent faire preuve de personnalité là où il faut : entre charme du classique de qualité chez le Suédois, confort contemporain chez Allures et luxe pullman chez Amel. Pour en voir plus, il faudra attendre le salon de Paris (04-12 décembre 2021) et plus encore celui de Düsseldorf (22-30 janvier 2022). En attendant, une seule certitude, ces voiliers-là savent voyager, et les longues traversées à leur bord pourraient vous paraître bien courtes.