Bilan d'une très longue étape
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L’étape fut longue, laborieuse et très frustrante. Mais Paul Meilhat, skipper de SMA, l’assure : il n’a qu’un seul genou à terre. Le trentenaire est 10e au classement général provisoire après sa 13e place sur la ligne d’arrivée à Roscoff. « C’est jouable ! »
Cela va un peu mieux après avoir dormi car cela tirait beaucoup à l’arrivée, après plus de trois nuits en mer. Mais je suis déçu de mon classement. Malgré un parcours assez simple, nous nous sommes retrouvés dans un vent hyper instable. C’était très compliqué de se reposer. Et après un bon début d’étape, je me suis retrouvé piégé au passage du Fastnet, dans une phase de transition. Là, j’ai fait deux à trois petites erreurs stratégiques qui se sont enchaînées en ma défaveur. J’étais à moins d’un mille du peloton de tête mais les premiers se sont échappés par un effet d’élastique – le tout petit écart initial s’est transformé en des milles et des milles de différence – puis les poursuivants sont revenus sur moi. C’était l’horreur… Bon c’est peut-être un peu trop fort mais en tous cas c’était vraiment dur. Cela s’est joué à vraiment pas grand-chose.
Le seul point positif c’est que j’ai bien navigué sur la fin. J’ai senti que la spirale n’était pas bonne et plutôt que de faire n’importe quoi, je suis resté modéré. En gros, je ne voulais pas péter un plomb en prenant un gros risque. J’aurais pu tenter quelque chose s’il y avait eu une bonne opportunité d’attaque mais il n’y en a pas eu. Et j’ai bien fait parce que tous ceux qui ont essayé ont perdu. Alors j’ai fait très attention et, petit à petit, j’ai grappillé des places. Chaque minute de gagnée était importante et c’était motivant d’avoir les copains, Anthony Marchand (Ovimpex – Secours Populaire) et Erwan Tabarly (Armor Lux - Comptoir de la mer), à doubler. Au final, je m’attendais à pire et tout reste jouable. Deux belles étapes nous attendent et je suis super motivé !
Et puis à Roscoff, il n’y a rien de méchant à réparer sur le bateau. Mon préparateur, Jimmy Le Baut a super bien travaillé en amont. Pour ma part, je vais bien me reposer. Je ne suis pas entouré par mes proches sur les étapes pour rester dans ma course. Et aussi parce que j’ai beaucoup d’obligations et que je ne pourrais pas gérer plusieurs agendas. Demain, par exemple, nous serons tous à l’île de Batz en vélo. J’ai déjà visité le jardin botanique et je suis content d’y retourner. Vendredi, avec Clément Salzes (Darwin – Les Marins de la lune), qui est également ambassadeur pour Surfrider, nous avons une rencontre avec des scolaires. J’aimerais aussi voir une école qui me suit à Ploudaniel et faire une séance de piscine avec Gwenolé (Gahinet, NDLR) comme à Plymouth. On parle un peu de la course ensemble mais uniquement des détails. Il a compris qu’il ne fallait pas se surcharger, qu’il fallait juste s’occuper de sa course à sa manière. Nous avons beaucoup discuté pendant la préparation et nous discuterons encore après. Mais là, ce n’est pas vraiment le bon moment pour échanger sur ce qui se passe sur l’eau. Il faut rester dans la competition. Et il est dans le match ! Il y a une belle bagarre entre les trois premiers bizuths. Ce sont ceux auxquels je m’attendais. Je connais bien Sam Matson (1er bizuth à mi-course), pour m’être entraîné avec lui à Lorient, et c’est le plus régulier des skippers Artemis. Il y aura du suspense jusqu’au bout.
Bonne soirée à tous !