Le Soleil a rendez-vous avec la Lune

Le mois de mars 2015 sera celui des phénomènes astronomiques avec le 20 une éclipse de Soleil et le 21 la marée du siècle (coefficient 119).
Une éclipse de Soleil se produit lorsque la Lune se place devant le Soleil. Ce phénomène ne peut avoir lieu uniquement pendant la nouvelle Lune (20 Mars) quand les deux astres sont en conjoncture. Une éclipse solaire peut être totale, annulaire ou partielle. Une éclipse est totale lorsque le Soleil est complètement occulté par la Lune. Une éclipse annulaire se produit quand le Soleil et la Lune sont parfaitement alignés avec la Terre, mais que la taille apparente de la Lune est légèrement inférieure à celle du Soleil. Une éclipse partielle se produit lorsque le Soleil et la Lune ne sont pas parfaitement alignés et que la Lune n'occulte qu'en partie le Soleil.
Le Soleil a un diamètre d’environ 400 fois supérieur à celui de la Lune. En théorie, la Lune ne peut pas occulter le Soleil comme une cerise ne peut pas masquer un pamplemousse. En fait, il faut tenir compte des distances des deux astres. Cette distance qui les sépare, est proche de la distance de la Terre à la Lune, multipliée environ 390 fois. C’est le rapport de ces deux mesures qui explique le phénomène. En sera-t-il toujours ainsi ? Et bien, non, pour une simple raison, la Lune s’écarte doucement mais surement de la Terre d’environ 3.5 cm par an. Ce qui fait que dans 600 millions d’années, la Lune se sera éloignée de notre planète de plus de 20.000 km et son ombre ne pourra plus couvrir en totalité le Soleil.
Mais nous n’en sommes pas là, revenons à notre éclipse du 20 mars. Ce jour-là, l’éclipse sera totale au Nord de l’Europe (Norvège, Danemark) avec un maximum aux Iles Féroé (6°39’ W / 64°26’,3 N). En France, elle sera partielle avec un diamètre occulté du Soleil allant de 63% dans le Var à 85% à Dunkerque. La Bretagne sera particulièrement favorisée avec en moyenne 82%. L’heure de l’observation est différente suivant la région. Il faut se préparer à partir de 9 heures pour un maximum peu après 10h. A titre indicatif, le maximum sera à 10h19 à Bordeaux et à 10h35 à Strasbourg (heure légale).
Observer en sécurité
Il ne faut jamais regarder le Soleil sans protection. Il faut également éviter les idées reçues comme regarder à travers une plaque de verre noircie à la fumée, des lunettes de soleil ou même à travers une écumoire ! La seule solution qui vous évitera des lésions irréversibles de la rétine est d’utiliser des lunettes spéciales en polymère (certifié CE). C’est très important, en particulier pour les enfants qui doivent être avertis du phénomène et des dangers. La brûlure de la rétine se fait en quelques secondes et est indolore. Pour observer en toute sécurité, la SAF (Société Astronomique de France) mettra en place des sites d’observation un peu partout en France pour permettre de suivre la totalité de l’éclipse (cf. site internet de la SAF).
Ce qu’en attendent les scientifiques
On pourrait penser qu’avec les avancées en matière d’observation de notre système solaire, les astronomes et les astrophysiciens ont d’autres moyens qu’attendre une éclipse pour observer la couronne solaire. Détrompez-vous ces observations sont toujours d’actualité. Sans doute avec de l’instrumentation plus moderne et mieux adaptée que lors de l’Eclipse totale que j’ai eu l’occasion de suivre pour le CNRS en 1973 à Atar en Mauritanie, mais les recherches restent les mêmes. Au sol, plusieurs équipes se déplacent à Longyearbyen, la plus grande ville du Svalbard, et vers différents sites aux Îles Féroé, avec des expériences scientifiques qu'ils préparent depuis longtemps : imagerie de la couronne magnétique et de la chromosphère à haute résolution pour différentes températures d'ionisation, spectroscopie de raies d'émission, etc. A partir d’un avion ce qui était déjà le cas en 1973 mais ce sera un Boeing 737-800, une équipe de l’Institut d’Astrophysique de Paris (IAP) installera à bord de l’instrumentation pour effectuer, à travers des hublots spécialement traités, des mesures en imagerie et en spectroscopie. L’intérêt d’un avion qui vole à 10.000 m d’altitude, est qu’il peut suivre plus longtemps l’éclipse et s’affranchir du mauvais temps, mais il ne peut pas embarquer le matériel scientifique pour toutes les expériences. Bien entendu, toutes les mesures au sol et en avion, seront complétées par les observations faites à partir de satellites de la NASA et de l’ESA.