Les Rimains : une pépinière de marins
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Un peu d’histoire
Les jeunes de la région malouine ont toujours été attirés par les métiers de la mer. Ils ont servi d’abord sur les vaisseaux du Roi, ensuite sur les trois-mâts à destination de Terre-Neuve puis dans la marine marchande et nationale. Mais ce qui manquait dans cette région était une école de formation. Il faut remonter à 1837 où à l’école primaire de Bel-Air à Cancale, une classe du soir fut ouverte pour les jeunes marins pratiquants la pêche à la morue à Terre-Neuve. Ceux-ci pouvaient apprendre, en cours du soir et pendant les mois d’hiver, en dehors de la saison de navigation, les mathématiques et accéder ainsi aux fonctions d’officiers. Après la Seconde Guerre mondiale, cette école accueille les candidats aux brevets de la marine marchande (pont, machine), commerce et pêche. Cet enseignement connaît un vif succès et il faut se rendre à l’évidence, l’école ne peut plus accueillir tous les élèves, il faut donc trouver un autre lieu.
La naissance des Rimains
Sur la pointe des Rimains face au rocher de Cancale et du Mont Saint-Michel, une propriété est à vendre avec au centre de son parc un imposant château. Conseillés et aidés par quelques notables cancalais, les enseignants de l’école de Bel-Air en font l’acquisition. C’est ainsi qu’en 1951 est née l’école des Rimains, baptisée école Notre-Dame des Flots. Dans un premier temps, pour assurer l’enseignement, des professeurs de Bel-Air y sont détachés auxquels se joignent bénévolement des officiers en retraite et des navigants en congés. En trois ans, l’école connaît un véritable succès et les reçus aux examens sont un record. Il faut dès la rentrée de septembre établir une sévère sélection. A cette époque, les anciens élèves qui sont devenus officiers créent une association : Journal de bord. Ils transmettent des courriers et des récits du monde entier. Ces témoignages sont ceux de marins d’une époque pas si lointaine et d’une navigation révolue. On peut, par exemple, lire le courrier de l’Officier Jean-Yves, en escale à Haiphong « site merveilleux, on ne sait pas trop qu’admirer, la jungle qui pullule de singes et d’oiseaux de toutes sortes, la mer avec ses poissons multicolores ou les rochers qui rivalisent avec la tour de Pise ». (Courrier extrait du journal de la ville de Cancale n°40).
Une grande réussite pour cette école mais un manque de place
En 1956, 169 élèves font leur rentrée scolaire mais c’est plus du double qui avaient fait leur demande. Deux problèmes sont à régler : le manque de place et de professeurs. En 1957, il est décidé d’acquérir un terrain en bordure du parc et de construire un nouveau bâtiment (salles de cours, réfectoire, cuisine et chapelle). En octobre 1959, les couleurs sont hissées au mât du pavillon de l’école pour l’inauguration du nouveau bâtiment. Avec ces nouveaux locaux, l’école connaît un succès croissant avec une demande importante d’élèves et un taux de réussite de 85%. A bord de la majorité des navires de la marine marchande, battant pavillon français, il n’est pas rare de voir la moitié ou plus des officiers être passés par les Rimains. Cette embellie n’a qu’un temps, à la fin des années 70, les armateurs réduisent leurs flottes et les passent sous pavillons étrangers. Il en fallait plus pour entamer la volonté des Rimains mais elle doit prendre une nouvelle orientation. Elle devient un lycée qui prépare au BTS de Contrôle industriel et régulation automatique. En gardant, toutefois, une orientation maritime avec la préparation des élèves aux concours d’entrée aux écoles nationales d’hydrographie préparant le brevet de capitaines de la navigation maritime. En 2007, l’école ferme ses portes et s’implante à Saint-Malo, tout en gardant le nom de Rimains et son enseignement continue avec toujours autant de succès. La notoriété de l’école tient à ceux qui ont œuvré dans le même sens pendant toutes ces années.
Que reste-t-il des Rimains à Cancale ?
Un parc, un château et sans aucun doute bientôt une opération immobilière. Mais un objet symbolique, cher aux anciens élèves, a été cédé à la ville de Cancale par le frère Alexis ancien directeur, dernier représentant de la Congrégation des Frères de Ploërmel à Cancale : « le mât du pavillon de l’école »
Après expertise et remise en état, il a été décidé, avec l’accord de l’Architecte des Bâtiments de France, de le placer sur la pointe de Crolles à Cancale. Cette initiative est bien accueillie par les anciens élèves et la population cancalaise qui estiment que c’est un brillant hommage rendu aux professeurs et aux milliers d’élèves qui sont passés par cette école depuis plus de 140 ans.
La commune, n’ayant pas les subventions nécessaires, fait appel à un comité de quatre anciens élèves pour piloter la souscription du « Mât des Rimains ».
Ainsi, par leurs démarches, ils peuvent permettre à certains d’entre eux de manifester leur attachement à cette école très connue et appréciée par la qualité de son enseignement dans le monde maritime français pour ceux de leur génération.
Ils n’ont jamais douté de la réussite de leur projet et ils sont fiers du résultat, car il faut le savoir, ce n’était pas gagné d’avance. Cela a demandé du travail mais comme dans toute entreprise, lorsque le but est atteint, la satisfaction est grande.
Une inauguration proche
Elle aura lieu le samedi 12 octobre en présence de nombreuses personnalités civiles, maritimes et militaires. Durant toute cette journée, une exposition de photos, de cartes postales sur l’école maritime des Rimains et ses générations d’élèves sera ouverte au public.