
Sauvé et restauré par les Charpentiers Réunis de Méditerranée, Trumpeter, qui a retrouvé toute sa superbe, a participé le week-end dernier à la Calanques Classique. Il a terminé bon dernier de la catégorie « classique Marconi » mais le résultat sportif n'était vraiment pas le plus important.
Qui aurait cru que Trumpeter régaterait à nouveau ? Construit en Angleterre en 1964 par le chantier Tucker Brown sur des plans d’Alan Gurney, ce cotre Marconi de 15 mètres a échappé de peu à un bien triste destin. En novembre 2011, le bateau rompt ses amarres lors d’une tempête et s’échoue sur la côte rocheuse de Toulon. Une partie du bordage est détruite. Vouée à la disparition, l’épave du bateau est sauvée par les Charpentiers Réunis de Méditerranée, qui décident de racheter le navire à son dernier propriétaire, et de le restaurer.
« Le bateau était aux trois quarts coulé et reposait sur les rochers, sa coque était très gravement endommagée. Il a fallu faire venir une grue pour le récupérer, se souvient Bernard Tarres, PDG du chantier des Charpentiers Réunis de Méditerranée et ancien capitaine de voiliers classiques. Son ancien propriétaire n’ayant pas les moyens de le faire restaurer, nous avons fait le pari de le sauver car ce bateau anglais a des lignes exceptionnelles. Il est très particulier et fait partie du patrimoine maritime. Nous avons payé le renflouement de l’épave et nous l’avons rapatriée jusqu’au chantier à La Ciotat. Ce bateau est très connu dans le milieu de la voile classique, il participe aux régates du circuit de l’AFYT depuis 2005 ». Classé d’intérêt patrimonial, Trumpeter trouve rapidement un acquéreur en la personne d’Ivan Note.
Un bel avenir devant lui
« J’étais à la recherche depuis quasiment deux ans d’un bateau classique. Quand j’ai vu la présentation de Trumpeter sur le site du chantier, j’ai décidé de rencontrer les Charpentiers Réunis et d’aller voir le bateau que j’ai trouvé splendide, nous confie de son côté Ivan Note. Nous avons rapidement sympathisé et nous nous sommes aperçus que nous avions la même façon d’envisager les choses. Nous avons donc décidé de lancer le chantier en janvier ou février 2012 ». Une équipe a rapidement été constituée et le chantier a commencé. « Nous avons tous suivi la restauration du bateau avec émotion. C’était beau de voir tous ces ouvriers passionnés ». Malgré quelques petits aménagements intérieurs, le bateau est resté strictement identique. « Nous avons fait quelques petits aménagements pour qu’il soit un peu plus confortable notamment au niveau de la cabine arrière. Nous avons également réduit légèrement l’espace dans la cuisine qui était trop grande, mais le bateau a été restauré à l’identique », affirme Bernard Tarres. Mis à l’eau le 30 septembre 2013, Trumpeter a fait une apparition aux Voiles de Saint-Tropez l’an dernier avant de retourner au chantier. « Nous avons continué à travailler sur le bateau. Un incident s’est produit en février dernier. Un autre bateau a poussé Trumpeter sur le quai alors qu’il était amarré à sa place. Il a fallu le ressortir de l’eau et réparer une membrure, mais aujourd’hui, il est prêt à régater. La restauration est terminée à 90%, il reste juste quelques éléments à ajouter, comme des matelas », poursuit Bernard Tarres.
Trumpeter a donc retrouvé le chemin des régates le week-end dernier, sur la Calanques Classique, pour le plus grand bonheur de son nouveau propriétaire. Un retour sur l’eau inscrit sous le signe de l’émotion et du partage. « Ivan Note a invité l’ancien propriétaire de Trumpeter à naviguer avec lui sur la Calanques Classique. Et dans l’équipage, on retrouve le fils d’Ivan, qui a cinq ans. Un beau symbole de partage entre générations », souligne Pierre Bertrand, responsable de la communication des Charpentiers Réunis de Méditerranée. On devrait retrouver Trumpeter sur les régates du Panerai Classic Yachts Challenge dès cette année. « Mon objectif est maintenant de participer à un maximum de régates du circuit classique en Méditerranée. Normalement, le bateau devrait être présent aux Voiles d’Antibes. C’est un bon événement pour Trumpeter, conclut Ivan Note. » Grâce au pari fou du chantier qui l’a sauvé, Trumpeter, qui fête son cinquantenaire cette année, a un bel avenir de régatier devant lui.
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