
Après trois nuits de repos, les concurrents de la Solitaire du Figaro - Eric Bompard Cachemire s'apprêtent à quitter Plymouth, direction Roscoff. Au programme, un parcours très libre avec le célèbre rocher du Fastnet comme marque de parcours.
A 18h30 ce samedi, 19h30 heure française, les solitaires vont reprendre le large. Ils seront toujours 38 sur la ligne de départ, après le retour du Britannique Edmund Hill (MacMillan Cancer Support), victime d'un souci médical sur la première étape, et de Yann Eliès, contraint à l'abandon entre Deauville et Plymouth en raison de la perte de son mât. Le marin a réussi un contre-la-montre impressionnant pour réparer son bateau et reprendre la course, juste à temps pour le départ de la deuxième étape. « Si une troisième victoire d'affilée, c'est cuit, il me reste le challenge de me rapprocher du record du nombre de victoires d'étape de Jean Le Cam (dix victoires, ndlr). C'est un beau pari aussi », a-t-il commenté. Yann Eliès dispose de huit victoires d’étapes sur l’ensemble de ses participations; il doit donc s’imposer deux fois au moins sur les trois dernières étapes pour atteindre le record. Il assure se sentir prêt à 90%. D’autant que le début de l’étape s’annonce assez technique, dans des conditions assez légères. « Et c’est tant mieux parce que c’est sûr que si les prévisions étaient de 30 ou 40 nœuds, la donne ne serait pas la même. Je ne partirais pas la fleur au fusil avec un mât neuf, explique Yann Eliès. Là, les conditions vont me permettre de continuer de le régler en mer. » Cette deuxième étape s’annonce très ouverte avec le mythique rocher du Fastnet comme seule marque de parcours. « La dernière fois que je l’ai passé, c’était lors de ma victoire sur la Fastenet Race », se réjouit de son côté Fabien Delahaye, skipper Macif, deuxième au classement général. Mais il rappelle aussitôt que les dispositifs de séparation du trafic qui interdisent la navigation à la voile autour de l’archipel des Scilly et de la pointe extrême de la Cornouille britannique vont compliquer la donne.
Il y aura donc déjà plusieurs approches pour entamer ce long bord de vent de travers (175 milles) jusqu'en Irlande. Mais si le vent annoncé sur cette bordure orientale d'un anticyclone centré sur l'île devrait être de secteur nord-est, quelques degrés d'angle en plus ou en moins change le choix des voiles. Un quinzaine de nœuds plutôt nord impose le génois, la même force de vent plus Est envoie le spinnaker. En fait, il est fort probable que le flux ne soit pas si régulier que cela et les changements de voile pourraient se multiplier jusqu'aux abords du Fastnet où la brise va s'écrouler progressivement.
L'atterrissage sur le DST avant le phare irlandais isolé en mer va être crucial en arrivant plus ou moins par le sud ou par l'est : quelques petits milles d'écart latéral peuvent se transformer en plusieurs dizaines de minutes de delta pour enrouler le Fastnet, un peu comme l'arrivée d'Alexis Loison, skipper de Groupe Fiva, en vainqueur à Plymouth. Sortir au plus tôt de cette zone de molles va permettre d'accélérer en retrouvant le flux plus soutenu de la mer Celtique : il peut se créer des échappées. Et de nouveau, un grand bord travers au vent de nord-est d'une quinzaine de nœuds qui lui aussi, peut s'avaler rapidement sous génois ou sous spi avec, là encore des changements de voile au programme. « On retrouvera du vent après le phare irlandais jusqu'à la pointe anglaise : il faut être devant… Il va se passer des choses parce qu'il faudra peut-être alterner génois, spi de tête dans la molle, spi capelage serré dans le médium. Il y aura des choix de voile à faire et des réglages du gréement aussi ! » , explique Fabien Delahaye.